Une commission d'enquête controversée sous l'égide de la droite radicale
Alors que la France traverse une période de tensions politiques et médiatiques, une commission d'enquête parlementaire sur l'audiovisuel public s'ouvre ce mardi 25 novembre à l'Assemblée nationale. Initiée par le groupe Union des droites pour la République (UDR), allié du Rassemblement national, cette commission suscite déjà des critiques quant à sa partialité présumée.
Un contexte explosif : l'affaire Legrand-Cohen et les accusations de partialité
Cette initiative intervient dans la foulée de l'affaire Legrand-Cohen, qui a opposé les médias publics aux groupes de presse proches de Vincent Bolloré. Les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen, accusés de connivence avec le Parti socialiste après une vidéo les montrant en compagnie de responsables socialistes, ont été au cœur d'une polémique relayée par CNews, Europe 1 et le JDD.
Les dirigeants de France Télévisions et Radio France, Delphine Ernotte Cunci et Sibyle Veil, ont dû se défendre devant le Sénat début octobre, réaffirmant leur obligation d'impartialité. Pourtant, la commission d'enquête, présidée par le député Horizons Jérémie Patrier-Leitus, semble déterminée à remettre en question cette neutralité.
Des objectifs flous et des méthodes contestées
Le rapporteur de la commission, Charles Alloncle (UDR), a annoncé vouloir évaluer l'utilisation des fonds publics par l'audiovisuel public, tout en vérifiant l'absence d'agenda politique dans les contenus diffusés. Une démarche qui rappelle les attaques récurrentes de l'extrême droite contre les médias critiques envers ses positions.
Parmi les personnalités convoquées figurent les présidents de l'Arcom, Martin Ajdari et Roch-Olivier Maistre, ainsi que les dirigeantes des médias publics. Charles Alloncle a également évoqué la possibilité d'auditionner François Hollande, en lien avec les révélations de l'ancien président du CSA, Olivier Schrameck, sur une éventuelle intervention du chef de l'État dans la nomination de Delphine Ernotte.
Une instrumentalisation politique dénoncée
La députée écologiste Sophie Taillé-Polian a alerté sur une possible instrumentalisation politique, qualifiant la commission de procès contre l'audiovisuel public. Une accusation que réfute le président de la commission, qui assure vouloir mener un travail de transparence.
Dans un contexte de tensions accrues, notamment avec la ministre de la Culture Rachida Dati, qui souhaite regrouper les médias publics sous une holding commune, cette commission pourrait bien devenir un nouvel épisode des luttes d'influence entre la droite radicale et les institutions démocratiques.
Un audiovisuel public en crise financière
Parallèlement, les médias publics font face à des difficultés budgétaires croissantes. Un rapport de la Cour des comptes fin septembre a souligné la situation financière critique de France Télévisions, tandis que les dotations de l'État risquent de diminuer en raison du contexte économique défavorable.
Cette commission d'enquête, qui s'inscrit dans une stratégie plus large de remise en cause des médias indépendants, pourrait bien avoir des conséquences durables sur le paysage audiovisuel français, déjà fragilisé par les pressions politiques et économiques.