Une visite controversée sous le signe de la provocation
Mercredi, trois députés du Rassemblement national (RN) ont fait irruption sur le campus de Villetaneuse (Seine-Saint-Denis) de Sorbonne Paris Nord, déclenchant une vive polémique. Julien Odoul (Yonne), Philippe Ballard (Oise) et Laurent Jacobelli (Moselle) ont justifié leur présence par une prétendue enquête sur « l’entrisme islamiste » supposé dans l’établissement, selon des vidéos diffusées sur leurs comptes X.
Une « intrusion inacceptable » selon France Universités
L’association France Universités, qui regroupe 75 présidents d’universités et d’écoles publiques, a vivement condamné cette visite, qualifiée d’inacceptable et sans autorisation. Dans un communiqué, elle dénonce « une nouvelle instrumentalisation de l’université » et apporte son plein soutien à la présidente de Sorbonne Paris Nord, visée par les accusations du RN.
La présidence de l’université dénonce une mise en scène médiatique
La présidence de Sorbonne Paris Nord a réagi avec fermeté, condamnant « l’intrusion » des élus, accompagnés de journalistes, sans autorisation préalable. Elle rappelle le cadre légal du droit à l’image et son pouvoir de police administrative pour garantir la sécurité et la sérénité des activités universitaires.
« Cette intrusion intervient dans un contexte où certains médias présentent notre université comme un espace livré à des logiques identitaires. Ces mises en scène construisent une image déformée, éloignée des réalités de nos campus. »
Les accusations du RN : un discours stigmatisant
Sur X, Laurent Jacobelli a affirmé avoir constaté une « omniprésence du voile islamique », des affiches d’extrême gauche appelant à la violence, et des insultes proférées par des étudiants militants. Julien Odoul a répondu aux questions du site d’extrême droite Boulevard Voltaire, tandis que les députés invoquent un article de Valeurs actuelles présentant le campus comme « le temple du communautarisme musulman ».
Un contexte politique tendu
Cette polémique s’inscrit dans un climat de tensions croissantes autour des universités françaises, souvent ciblées par des discours politiques polarisés. La Sorbonne Paris Nord, qui accueille 26 000 étudiants, défend sa diversité sociale, culturelle et intellectuelle comme une force, loin des clichés véhiculés par le RN.
Alors que le gouvernement Lecornu II tente de rassurer sur la sécurité des campus, cette affaire rappelle les risques d’une politisation excessive des enjeux universitaires, au détriment du dialogue et de la sérénité académique.