Une intrusion controversée
Trois députés du Rassemblement national (RN) ont fait irruption mercredi sur le campus de Villetaneuse de l'université Sorbonne Paris Nord, en Seine-Saint-Denis, sans autorisation et armés de caméras. Cette visite, qualifiée d'« irruption » par le ministre de l'Enseignement supérieur Philippe Baptiste, soulève des questions sur les méthodes de l'extrême droite dans l'espace public.
Un acte « inacceptable » selon le gouvernement
Dans un message publié sur X, Philippe Baptiste a fermement condamné cette intrusion, rappelant que l'université est un service public régi par la loi. « Nul n'a à s'affranchir des règles de sécurité, des autorisations d'accès ou du droit à l'image », a-t-il souligné, promettant d'informer la présidence de l'Assemblée nationale de cet « incident ».
Les députés Julien Odoul, Philippe Ballard et Laurent Jacobelli, accompagnés d'un membre du site d'extrême droite Boulevard Voltaire, ont justifié leur présence par une volonté de « vérifier » les affirmations de l'hebdomadaire ultraconservateur Valeurs actuelles, qui présentait le campus comme « le temple du communautarisme musulman ». Une accusation que la présidence de l'université a vivement contestée.
Une instrumentalisation politique dénoncée
La présidence de Sorbonne Paris Nord, qui accueille 26 000 étudiants, a dénoncé une « mise en scène » visant à déformer l'image de l'établissement. « La diversité sociale, culturelle et intellectuelle qui traverse notre établissement est une force », a-t-elle rappelé, soulignant que ces visites médiatisées alimentent des discours stigmatisants.
L'association France Universités a également réagi, rappelant que les universités sont des espaces protégés par des règles strictes d'accès. « Instrumentaliser l'université à des fins politiciennes est inacceptable », a martelé Philippe Baptiste, apportant son soutien à la communauté universitaire.
Un contexte tendu pour les universités
Cette affaire intervient dans un contexte où les établissements d'enseignement supérieur font face à des pressions croissantes, tant politiques que médiatiques. Certains médias d'extrême droite ou conservateurs ciblent régulièrement les universités, les accusant de promouvoir des « idéologies » ou de manquer de neutralité.
Pourtant, les universités françaises restent des lieux de débat et de pluralisme, comme le rappelle la présidence de Sorbonne Paris Nord. « Ces intrusions ne font que nourrir des clivages et détourner l'attention des vrais enjeux éducatifs », a-t-elle déploré.
La réponse du gouvernement
Le ministre Philippe Baptiste a annoncé l'envoi d'un courrier « formel » à la présidence de l'Assemblée nationale, tout en réaffirmant son soutien aux universités. « La sérénité des campus doit être préservée », a-t-il insisté, rappelant que les présidences d'université disposent de pouvoirs de police administrative pour garantir cet équilibre.
Cette affaire pourrait alimenter les tensions entre le gouvernement et les partis d'opposition, alors que la campagne pour les élections européennes de 2024 s'annonce déjà âpre. Le RN, en quête de visibilité, semble prêt à tout pour faire parler de lui, y compris en bafouant les règles démocratiques.