Un bras de fer politique autour du PLFSS
Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) arrive au Sénat, la majorité de droite et du centre s'apprête à en modifier profondément le contenu. Une manœuvre qui pourrait bien relancer le débat sur la réforme des retraites, suspendue à l'Assemblée nationale.
La droite sénatoriale déterminée à rétablir sa réforme
Gérard Larcher, président du Sénat, a clairement affiché ses intentions : "Le Sénat rétablira la réforme des retraites. Nous la votons depuis cinq ans", déclarait-il récemment. Une position qui s'inscrit dans la continuité des amendements déposés chaque année par les sénateurs Les Républicains (LR) pour augmenter l'âge légal de départ à la retraite.
Cette offensive intervient alors que le gouvernement, dirigé par le Premier ministre Sébastien Lecornu, a dû composer avec les députés socialistes pour faire adopter le budget. Une situation qui exaspère une partie de la droite sénatoriale, comme en témoigne les propos d'Olivier Henno, sénateur centriste :
"Sébastien Lecornu a beaucoup lâché, trop lâché. C'est un budget socialiste. C'est ça, la vérité."
Un Premier ministre en quête de compromis
Conscient des tensions, Sébastien Lecornu a tenté de désamorcer la crise en se rendant au Sénat le 5 novembre. Lors d'une réunion avec les présidents de groupes et de commissions, il a mis en garde contre les risques d'une censure budgétaire, évoquant même la possibilité d'une dissolution de l'Assemblée nationale.
"Je ne serai pas le Premier ministre qui fera une passation de pouvoir avec Jordan Bardella", a-t-il déclaré, selon des sources présentes. Une référence à peine voilée à la montée en puissance du Rassemblement National, que la droite sénatoriale semble vouloir instrumentaliser dans ce bras de fer.
Les enjeux d'une bataille budgétaire
Au-delà de la question des retraites, c'est tout le budget de la Sécurité sociale qui est menacé. Les sénateurs de droite et du centre entendent supprimer la plupart des amendements adoptés par les députés socialistes, au nom d'une prétendue "rigueur financière".
"Nous allons rétablir le texte dans sa version initiale, celle du gouvernement", affirme Olivier Henno. Une position qui pourrait compliquer les négociations futures, alors que le gouvernement devra trouver un compromis acceptable par les deux chambres.
Les rapports de force à droite
Cette offensive sénatoriale s'inscrit dans un contexte de tensions internes à la droite. La présence de ministres LR dans le gouvernement Lecornu II a provoqué des remous, avec des sénateurs poussant pour une rupture plus nette avec le macronisme.
Dans ce contexte, Bruno Retailleau, ancien ministre de l'Intérieur et figure majeure des Républicains, sera particulièrement scruté. Bien qu'il ait quitté la présidence du groupe LR au Sénat, son influence reste déterminante. Son entourage promet qu'il "va suivre les débats de très près" et "va l'ouvrir" pour réviser la copie budgétaire.
Un équilibre délicat pour le gouvernement
Le Premier ministre devra donc naviguer entre les exigences de la droite sénatoriale et les contraintes politiques d'un gouvernement minoritaire à l'Assemblée. Un exercice d'équilibriste qui pourrait bien déterminer l'avenir de cette réforme budgétaire.
Reste à savoir si les sénateurs accepteront de faire des concessions, ou s'ils maintiendront leur ligne dure jusqu'au bout. Dans tous les cas, cette bataille parlementaire s'annonce comme l'un des premiers tests majeurs du gouvernement Lecornu II.
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