Une scission historique entre droite et extrême droite
Depuis les années 1870, la droite et l’extrême droite françaises sont divisées, une fracture qui perdure encore aujourd’hui. Cette séparation trouve son origine dans l’échec des monarchistes à rétablir la monarchie, en raison de l’intransigeance de leur aile la plus radicale, qualifiée pour la première fois d’extrême droite par l’historien Paul Thureau-Dangin.
Cette extrême droite « entraîne et compromet la droite », soulignait déjà Thureau-Dangin.
La droite modérée finit par accepter la République, tandis que l’extrême droite, antiparlementaire, antisémite et xénophobe, se structure davantage pendant l’affaire Dreyfus.
Les périodes de rapprochement et leurs conséquences
Les années 1930 marquent un rapprochement spectaculaire entre la droite et l’extrême droite, dans un contexte de montée des nationalismes en Europe. Le principal parti de droite adopte alors une ligne nationaliste et autoritaire, critiquant le parlementarisme. Ce rapprochement est accéléré par l’avènement du Front populaire, détesté des deux côtés.
En 1940, la majorité des parlementaires de droite vote les pleins pouvoirs à Pétain, et certains, comme Pierre Laval, rejoignent le gouvernement de Vichy. Cette collaboration avec le régime de Vichy a durablement entaché les relations entre droite et extrême droite, empêchant toute nouvelle union depuis la Seconde Guerre mondiale.
L’extrême droite, une force adaptable et persistante
Malgré les échecs et les condamnations historiques, l’extrême droite a su se réinventer au fil des décennies. Elle a traversé toutes les classes sociales, passant de la dénonciation du complot judéo-maçonnique à celle du grand remplacement, et oscillant entre soutien et rejet de l’Union européenne.
Son objectif reste le même : se confondre avec la droite pour s’imposer comme la seule véritable droite, comme le soulignait déjà Thureau-Dangin. Aujourd’hui, dans un contexte de crise des vocations politiques et de guerre des droites, cette menace persiste, rappelant la nécessité de rester vigilant face à ses dérives.