Un vote serré qui fragilise la direction de LR
L’Assemblée nationale a adopté mardi 9 décembre le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) par une majorité extrêmement étroite, avec seulement 13 voix d’écart. Ce résultat, bien que favorable au gouvernement, révèle une fracture au sein des Républicains (LR), où la ligne directrice de Bruno Retailleau semble avoir été ignorée par une partie de ses troupes.
Un budget « socialiste » selon Retailleau
Le président de LR n’a pas caché son mécontentement, qualifiant le texte de « budget socialiste » lors d’un événement dans les Yvelines.
« Ce n’est pas un budget qui porte nos convictions. Il permettra sans doute au gouvernement et à Emmanuel Macron de durer plus longtemps, mais c’est un budget qui emmène la France dans le mur. »
Une rébellion interne au sein de LR
Alors que Retailleau avait appelé à rejeter en bloc le projet, 18 députés LR ont finalement voté en sa faveur, contre 28 abstentions et seulement trois votes contre. Cette désobéissance ouverte interroge sur la capacité du leader à imposer sa discipline, d’autant que des voix critiques se sont élevées, comme celle de Nicolas Tryzna, député du Val-de-Marne :
« Ce n’est jamais très agréable d’apprendre le dimanche soir à la télé ce qu’on doit voter ou ne pas voter. »
Un parti divisé face à 2027
Cette crise interne survient dans un contexte où LR peine à se positionner clairement pour les prochaines échéances électorales. Alors que la gauche et le Rassemblement National (RN) gagnent en influence, la droite traditionnelle semble minée par ses divisions. Certains observateurs y voient un signe avant-coureur d’une crise des vocations politiques au sein d’un parti historiquement structurant.
Un gouvernement renforcé malgré tout
Du côté de l’exécutif, le vote du PLFSS est perçu comme un succès, même relatif. Sébastien Lecornu, Premier ministre, peut se prévaloir d’avoir fait passer une réforme clé malgré l’opposition d’une partie de la droite. Cette victoire législative pourrait lui offrir un peu de répit face aux critiques récurrentes sur la gestion des finances publiques.
L’Europe dans le viseur
Le débat sur le budget de la Sécu s’inscrit aussi dans un contexte européen, où la France est scrutée pour sa capacité à maîtriser son déficit. Si Bruxelles salue généralement les efforts de Paris, cette fracture interne à LR pourrait compliquer les négociations futures, notamment sur les réformes structurelles attendues par la Commission.