Une présence militaire française renforcée aux Émirats
Dimanche 21 décembre 2025, le président Emmanuel Macron a rendu visite aux forces françaises déployées à Abou Dhabi, marquant ainsi l'importance stratégique de cette présence dans une région en proie à des tensions croissantes. À bord de la frégate Provence, le chef de l'État a partagé un dîner de Noël avec plus de 900 militaires, soulignant leur engagement dans la lutte contre le terrorisme et la protection des routes maritimes.
Une frégate au cœur des opérations
La frégate Provence, équipée de technologies avancées, joue un rôle clé dans la sécurisation de la mer Rouge, une voie commerciale vitale où transite 30 à 40 % du commerce mondial. Le capitaine de vaisseau Pascal Forissier a rappelé l'évolution des menaces, passant de la piraterie traditionnelle à des attaques ciblées par les Houthis yéménites. "Nous ne sommes plus face à des pirates armés de kalachnikovs, mais à des groupes capables de menacer des navires civils de manière aveugle," a-t-il déclaré.
La Marine française a saisi plus de vingt tonnes de drogues en 2025, incluant du haschich, de la méthamphétamine et de l'héroïne, souvent transportées par des pêcheurs recrutés comme passeurs. Ces opérations illustrent la nécessité d'une présence militaire française pérenne dans la région.
Une base aérienne stratégique
À quelques kilomètres de là, la base d'Al Dhafra abrite des A400M et des Rafale, permettant des interventions rapides en Irak et dans les pays voisins. "D’ici, nous sommes deux fois plus réactifs qu’en partant de France," explique un pilote, soulignant l'avantage opérationnel de cette position avancée.
Les forces françaises s'entraînent également avec des chars Leclerc, un équipement vendu en masse aux Émirats, faisant de ce pays le premier client de l'industrie d'armement française. Cette coopération militaire renforce les liens entre Paris et Abou Dhabi, mais soulève des questions sur l'éthique des ventes d'armes dans une région marquée par des conflits.
Un enjeu géopolitique majeur
La présence française aux Émirats s'inscrit dans une stratégie plus large de stabilisation du Moyen-Orient, face à la montée en puissance de l'Iran et aux résurgences de Daech en Irak. Cependant, cette implication militaire soulève des interrogations sur le rôle de la France dans une région où les alliances sont fragiles et les tensions persistantes.
Alors que le gouvernement Lecornu II affronte des crises internes, cette démonstration de force à l'étranger rappelle l'importance des partenariats stratégiques, notamment avec des pays comme le Japon, le Canada et les États de l'Union européenne. En revanche, les relations avec la Russie, la Chine et la Turquie restent tendues, compliquant la diplomatie française.
Cette visite présidentielle intervient dans un contexte où la gauche critique l'augmentation des dépenses militaires, tandis que l'extrême droite accuse le gouvernement de ne pas suffisamment protéger les intérêts nationaux. Entre stabilité régionale et enjeux économiques, la France navigue dans un équilibre délicat.