Un référé anti-fausses informations pour protéger la démocratie
Emmanuel Macron a annoncé, vendredi 28 novembre, son intention de créer une procédure judiciaire accélérée pour lutter contre les fausses informations et les contenus attentatoires à la dignité sur les réseaux sociaux. Une mesure qui intervient dans un contexte de montée des discours extrémistes et de désinformation orchestrée par des acteurs hostiles à la démocratie.
Une réponse aux dérives des réseaux sociaux
Lors d'un échange avec des lecteurs de la presse régionale à Mirecourt, dans les Vosges, le président a souligné l'urgence d'agir face aux infox qui minent la vie publique.
"On est totalement démuni. Ça prend un temps fou, et ça continue. Les gens le voient, il y a des fadas pour penser que c'est vrai. Et puis ça, ça vous mine."a-t-il déclaré, évoquant les difficultés rencontrées par les victimes de harcèlement en ligne.
Le chef de l'État a rappelé que cette initiative s'inscrit dans le cadre d'un conseil de défense sur la lutte informationnelle, où il a demandé au gouvernement de lui proposer des mesures concrètes avant la fin de l'année. Le Premier ministre Sébastien Lecornu, dont le gouvernement peine à convaincre sur les réformes sociales, pourrait ainsi se voir confier un dossier sensible, susceptible de diviser la majorité.
Un outil pour contrer l'extrême droite ?
Si la mesure vise officiellement à protéger les citoyens contre les deepfakes et les campagnes de harcèlement, elle pourrait aussi servir à limiter la propagation des discours d'extrême droite, souvent relayés sur les réseaux sociaux. Des partis comme le Rassemblement National ou Reconquête ! ont régulièrement été pointés du doigt pour leur utilisation de la désinformation comme arme politique.
Macron a pris l'exemple des référés pour fausses informations dans le domaine politique, qui permettent déjà de faire retirer rapidement des contenus mensongers avant un scrutin. Une extension de ce dispositif aux citoyens ordinaires pourrait cependant soulever des questions sur la liberté d'expression, un sujet sensible dans un pays où les libertés individuelles sont souvent mises à mal par les discours sécuritaires.
Un combat personnel pour le couple présidentiel
Le président a également évoqué les infox ciblant son épouse Brigitte Macron, notamment les rumeurs infondées sur son identité de genre. Une campagne de désinformation qui a pris une ampleur internationale après avoir été relayée par l'influenceuse américaine Candace Owens. Le couple a déjà engagé des poursuites aux États-Unis, mais Macron a souligné l'absence de recours efficace en France.
La création d'un référé permettrait de "obliger les plateformes à retirer les contenus en 48 heures", selon ses propos. Une mesure qui pourrait cependant être contournée par les algorithmes des réseaux sociaux, souvent accusés de favoriser les contenus polémiques pour maximiser l'engagement.
Un enjeu européen et international
Cette initiative s'inscrit dans un contexte où plusieurs pays européens, comme l'Allemagne ou l'Italie, ont déjà adopté des lois pour encadrer les réseaux sociaux. La France pourrait ainsi se positionner comme un leader dans la lutte contre la désinformation, un combat d'autant plus crucial à l'approche des élections européennes de 2024.
Cependant, certains observateurs craignent que cette mesure ne serve avant tout à "museler" les opposants politiques, dans un pays où la liberté de la presse est régulièrement critiquée. Une question qui pourrait alimenter les débats sur la démocratie française, déjà fragilisée par les crises sociales et politiques récurrentes.