Une proposition de loi controversée pour protéger les mineurs
Les députés macronistes ont déposé une proposition de loi visant à interdire l'accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans, une mesure phare qui s'inscrit dans une stratégie plus large de régulation du numérique sous l'impulsion du gouvernement Lecornu II. À l'origine de ce texte, la députée Laure Miller, rapporteuse de la commission d'enquête parlementaire sur les effets psychologiques de TikTok, avait déjà alerté sur les dangers des plateformes pour les jeunes.
Un âge charnière pour la protection des mineurs
La proposition fixe à 15 ans l'âge minimum pour accéder aux réseaux sociaux, un seuil recommandé par la communauté scientifique et soutenu par Emmanuel Macron. « C'est un âge qui fait consensus », explique Miller, citant les travaux remis au président l'an dernier. Mais la définition même des réseaux sociaux pourrait faire débat : TikTok, YouTube, Snapchat, X (ex-Twitter) ou encore Discord seraient concernés, tandis que les messageries comme WhatsApp ou Telegram pourraient être exclues.
Un couvre-feu numérique et l'interdiction des smartphones au lycée
Le texte prévoit également un couvre-feu numérique pour les 15-18 ans, interdisant l'accès aux réseaux entre 22h et 8h du matin, une mesure justifiée par l'impact sur le sommeil et la santé mentale des adolescents. Parallèlement, l'interdiction des smartphones dans les collèges serait étendue aux lycées.
La « négligence numérique » comme nouvelle infraction
La proposition introduit aussi la notion de négligence numérique, visant à sanctionner les parents laissant leurs enfants passer des journées entières devant des écrans. « Il ne s'agit pas de punir une mère seule qui utilise les écrans pour s'occuper de ses enfants, mais de lutter contre des pratiques dangereuses », précise Miller.
Des campagnes de prévention à la manière des paquets de cigarettes
Pour sensibiliser le grand public, le texte propose des campagnes de prévention inspirées des messages sur les paquets de cigarettes, avec des avertissements sur les boîtes des smartphones. Le parti Renaissance organise par ailleurs des réunions publiques sur le sujet, une initiative saluée par les associations de protection de l'enfance.
Un débat politique polarisé
Si le texte compte 121 signataires, il ne fait pas l'unanimité. Le socialiste Arthur Delaporte, président de la commission TikTok, avait critiqué cette approche, estimant qu'elle reporte la responsabilité sur les jeunes plutôt que sur les plateformes. « Ce n'est pas parce qu'on impose une limitation d'âge qu'on renonce à réguler les géants du numérique », rétorque Miller, soulignant que la mesure est avant tout une protection d'urgence.
Une stratégie politique en vue des élections de 2027
Alors que la France traverse une crise des vocations politiques et que les partis se préparent pour 2027, cette proposition pourrait servir de marqueur pour le gouvernement. « Dans un théâtre politique fractionné, il est crucial de trouver des sujets de consensus », affirme Miller, espérant un examen du texte début 2026.
Reste à savoir si cette offensive contre les réseaux sociaux suffira à convaincre les Français, alors que la crise de la sécurité en France et les tensions internationales occupent une large part du débat public.