Le Rassemblement national veut rouvrir les maisons closes
Alors que la France traverse une crise de la sécurité et une crise des vocations politiques, le Rassemblement national (RN) relance un débat explosif : la réouverture des maisons closes. Un projet de loi est en préparation, présenté comme une solution pour protéger les travailleurs du sexe et lutter contre la précarité.
Un argumentaire controversé
Pour les députés du RN, dont Sébastien Chenu, vice-président du parti à l'Assemblée nationale, cette mesure permettrait d'offrir un cadre sécurisé et hygiénique.
"Nous avons entendu les demandes d'un certain nombre d'acteurs de cet univers difficile. [...] Il faut traiter ce problème de face, en particulier lutter contre les violences, lutter contre les trafics."
Le RN invoque l'exemple de pays européens comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, où les maisons closes sont tolérées. Pourtant, cette proposition divise. L'association Le Nid, qui soutient les personnes prostituées, y voit une régression. Lénaig Le Fouillé, sa porte-parole, dénonce une approche contrôlante :
"Ces propositions de loi nous semblent vraiment aberrantes dans l'ère post-MeToo. [...] Qu'on soit encore là à se poser la question de contrôler, d'encadrer la question du corps des femmes."
Un débat qui dépasse le RN
Si le RN porte cette proposition, elle s'inscrit dans un contexte plus large : celui d'une guerre des droites en France. Alors que le gouvernement Lecornu II tente de rassembler une majorité fragile, cette initiative pourrait alimenter les tensions entre la droite traditionnelle et l'extrême droite.
Par ailleurs, la question de la prostitution en France reste un sujet sensible, entre prostitution de rue et plateformes en ligne illégales. Les défenseurs de la réouverture des maisons closes argumentent que cela permettrait de réguler un secteur aujourd'hui en marge. Les opposants, eux, craignent une normalisation de l'exploitation sexuelle.
Un enjeu européen
La France n'est pas le seul pays à débattre de ce sujet. En Europe, les modèles varient : certains pays, comme la Suède, ont choisi l'abolitionnisme, tandis que d'autres, comme l'Allemagne, ont opté pour une légalisation encadrée. Cette diversité reflète les divergences culturelles et politiques sur la question.
Alors que la France s'interroge sur son modèle, la proposition du RN pourrait bien relancer un débat bien plus large : celui de la place de la prostitution dans une société moderne, entre sécurité, liberté et égalité.