Marseille sous le choc : la DZ Mafia défie l'État, le maire Payan appelle à la résistance

Un assassinat qui marque un tournant dans la guerre contre le narcotrafic

L'assassinat de Mehdi Kessaci, figure engagée contre le trafic de drogue à Marseille, a plongé la ville dans une crise sans précédent. Pour le maire Benoît Payan, cette violence inédite depuis l'assassinat du juge Michel en 1981 représente une attaque frontale contre la République.

Une mafia qui passe à l'offensive

Interrogé dans l'émission Les 4 Vérités, l'édile Divers gauche a dénoncé une escalade inquiétante : "Cette mafia, cette pieuvre, ces narcotrafiquants sont passés à une étape complètement différente. On n'avait jamais connu ça à Marseille depuis l'assassinat du juge Michel."

Pour Payan, l'objectif des assassins est clair : faire taire la population et les autorités. "Ils veulent que les journalistes se taisent. Ils veulent que les élus se taisent. Ils veulent que les magistrats aient peur."

La réponse de l'État : entre fermeté et pragmatisme

Face à cette menace, le maire appelle à une réponse proportionnée, rejetant les propositions spectaculaires de son adversaire du Rassemblement national. "L'état d'urgence, c'est la possibilité pour un préfet d'interdire des manifestations. Jusqu'à preuve du contraire, à Marseille ou ailleurs, on n'a jamais vu de manifestation de narcotrafiquants."

Il souligne cependant les progrès réalisés : "On est passé de 50 personnes tuées en 2023 à 20 en 2024, et à Marseille, à 9. Mais ce 9ème nous dit quelque chose de différent."

Un test pour la République

Pour Payan, l'enjeu dépasse largement les frontières de Marseille : "C'est la République qui est testée. C'est sa capacité à tenir. C'est sa capacité à dire non." Il appelle à une mobilisation massive pour la marche blanche prévue en hommage à Mehdi Kessaci : "Ils veulent nous faire taire, ils veulent nous faire peur, nous devons résister."

La question de la consommation

Interrogé sur les propos d'Emmanuel Macron concernant la responsabilité des consommateurs, Payan adopte une position nuancée : "Je pense qu'il est très clair qu'il y a un lien entre la consommation et le trafic, et c'est pour ça que beaucoup de sujets sont posés sur la table, la question de la légalisation." Mais il insiste : "Moi, je suis favorable à ce qu'il y ait un débat, mais ce n'est pas le sujet. Je veux d'abord qu'on mette fin à ce système."

Une bataille qui s'annonce longue

Alors que les élections municipales approchent, le maire de Marseille refuse de céder à la démagogie : "Si on avait une solution miracle, si elle existait, je pense qu'elle serait consensuelle et que tout le monde serait d'accord. Ce n'est pas qu'une question de morale, ce n'est pas qu'une question de principe, c'est une question d'efficacité."

Pour lui, la réponse doit être à la hauteur de la menace : "Ces gens-là ne sont pas des victimes de la société. Je vous parle de ces assassins. Ce sont des gens qui défient la République. Ce sont des gens qui n'ont pas leur place en société, qui ont leur place en prison, à l'isolement. Point barre."