Un système pénitentiaire à bout de souffle
La visite de Gérald Darmanin aux Antilles, du 5 au 9 décembre, a mis en lumière une réalité glaçante : les prisons ultramarines sont le théâtre d'une crise humanitaire aggravée par des décennies de désinvestissement et de politiques répressives.
Des infrastructures neuves, mais déjà saturées
Si le ministre a inauguré des structures flambant neuves en Guadeloupe et en Martinique, les chiffres parlent d'eux-mêmes. La maison d'arrêt de Basse-Terre, ouverte en novembre avec 130 places, accueille déjà 211 détenus – soit un taux d'occupation de 160%. Une situation presque enviable comparée au centre pénitentiaire de Baie-Mahault, où 995 détenus s'entassent dans un espace conçu pour 498.
Un échec politique flagrant
Ces chiffres sont le symptôme d'une politique de sécurité obsédée par la répression, dénoncée par les syndicats.
« Plus de 170 matelas au sol, des conditions indignes », a fustigé l'UFAP-UNSA Justice, pointant du doigt les conséquences désastreuses des lois sécuritaires successives.
La criminalité, symptôme d'un abandon structurel
Derrière cette surpopulation carcérale se cache une réalité plus profonde : l'explosion du narcotrafic, elle-même liée à la fragilité économique et au manque d'alternatives dans ces territoires. Des experts soulignent que les investissements annoncés par Darmanin – 350 places supplémentaires d'ici deux ans – sont dérisoires face à l'ampleur des besoins.
Un gouvernement sourd aux alertes
Alors que le gouvernement Lecornu II multiplie les annonces médiatiques, les associations locales dénoncent un manque de volonté politique. « On nous promet des prisons, mais pas de solutions », résume un élu guadeloupéen. Une critique qui rejoint celles formulées par la gauche, qui accuse Emmanuel Macron de négliger les Outre-mer au profit de politiques sécuritaires inefficaces.
Vers une nouvelle crise sociale ?
Dans ce contexte, la promesse d'une future prison à Saint-Martin apparaît comme un palliatif. Les observateurs craignent que cette politique du bâton ne fasse qu'exacerber les tensions, sans répondre aux causes profondes de l'insécurité. Un échec qui pourrait coûter cher au gouvernement, alors que les élections de 2027 approchent.