Un plaidoyer pour la laïcité et contre les amalgames
Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France insoumise, a marqué les esprits lors de son audition devant la commission d'enquête parlementaire sur les liens supposés entre partis politiques et réseaux islamistes. Dans un échange tendu mais maîtrisé, il a fermement rejeté les accusations portées contre son mouvement, s'appuyant sur les conclusions des services de renseignement.
« Votre commission a déjà produit les documents qui nous innocentent absolument. Aucun responsable de services de renseignement que vous avez entendus ne dit qu'il y a un lien entre nous et les islamistes. Ils disent même le contraire. »
Cette déclaration liminaire résume l'état d'esprit du leader insoumis, qui a rappelé que les auteurs du rapport sur l'entrisme des Frères musulmans n'avaient pas identifié de stratégie nationale visant les partis politiques. « Il n'a pas été mis en évidence, à notre connaissance, dans la doctrine de la mouvance française, de documents visant l'islamisation à court ou moyen terme », avait souligné Pascal Courtade, l'un des experts auditionnés.
La laïcité, « fondatrice » pour LFI
Face aux députés, Mélenchon a réaffirmé son attachement à la laïcité, rappelant que La France insoumise « n'acceptera jamais l'entrisme religieux ». Il a insisté sur la nécessité de distinguer « l'islam et l'islamisme », tout en reconnaissant « l'existence d'une menace islamiste parmi d'autres ».
Le fondateur de LFI a également mis en garde contre les dérives sécuritaires, critiquant les propositions de l'extrême droite visant à réglementer les pratiques religieuses. « La France est une terre de vieilles guerres de religions. Il faut travailler avec vigilance à l'unité du peuple français », a-t-il déclaré, évoquant la loi de 1905 sur la laïcité.
Antisémitisme : Mélenchon balaye les accusations
Interrogé sur les accusations d'antisémitisme visant son parti, Jean-Luc Mélenchon a exprimé son « agacement » face à ce qu'il considère comme des « inquisiteurs de circonstance ». « Vous n'étiez pas née, j'étais en train d'aider des juifs à quitter l'URSS », a-t-il lancé à la députée Renaissance Prisca Thévenot.
Concernant la présence d'islamistes dans certaines manifestations pro-palestiniennes aux côtés d'élus insoumis, il a renvoyé la balle à Xavier Breton, président LR de la commission, hostile au mariage pour tous. « Personne ne lui a cherché querelle sur la présence d'islamistes dans les manifestations à l'époque », a-t-il ironisé.
Un débat qui dépasse les clivages
Cette audition s'inscrit dans un contexte politique tendu, marqué par la montée des tensions entre la gauche et la droite sur les questions identitaires. Alors que le gouvernement Lecornu II tente de naviguer entre exigences sécuritaires et respect des libertés, les partis d'opposition multiplient les accusations croisées.
Pour Mélenchon, il s'agit avant tout de défendre une vision progressiste de la laïcité, loin des amalgames et des instrumentalisations politiques. « La question de la laïcité de l'État est fondatrice pour notre mouvement », a-t-il martelé, rappelant que « les adultes s'habillent comme ils l'entendent ».