Une décision qui fait débat
Le tribunal administratif de Strasbourg a annulé, mardi 30 décembre, une subvention de 490 000 euros votée en juillet par le conseil municipal de Metz pour la construction de la future grande mosquée de la ville. Ce projet, qui doit accueillir jusqu'à 4 000 fidèles lors des grands rassemblements, est désormais menacé par cette décision judiciaire.
Un financement contesté
Le chantier, commencé en 2021 et essentiellement financé par les dons de fidèles, est estimé à plus de 15 millions d'euros. Saisi par trois militants de l'Union des familles laïques (UFAL), le tribunal a estimé que l'utilité publique du projet n'était pas établie. En Alsace-Moselle, où le Concordat est toujours en vigueur, l'islam n'est pas un culte officiellement reconnu, mais peut tout de même recevoir des fonds publics.
Des arguments jugés insuffisants
La justice a souligné que « pour pouvoir octroyer une subvention à une association cultuelle, la commune doit démontrer que cette subvention répond à un besoin local ». Or, la ville de Metz n'a pas fourni « aucun élément chiffré, ni état des lieux » pour prouver la nécessité d'une grande mosquée. « Dans ces conditions, et compte tenu du montant conséquent de la subvention », l'existence d'un intérêt public local n'est « pas établie », a conclu le tribunal.
Réactions politiques contrastées
L'UFAL s'est félicitée de cette décision, promettant de veiller à la restitution des fonds publics indûment perçus. À l'inverse, le maire de Metz, François Grosdidier, a critiqué une décision « hors sol ». Il compte apporter en appel la « preuve » qu'une grande mosquée est nécessaire « au moins chaque vendredi de l'année et chaque jour du mois de ramadan ».
Un projet controversé
Le projet prévoit non seulement un lieu de culte, mais aussi un centre « éducatif et culturel » avec 15 salles de classe destinées à l'enseignement de l'arabe et du Coran, une salle de sport et un hammam. Pour Grosdidier, les conditions actuelles de pratique du culte musulman à Metz sont « indignes pour ses pratiquants et insupportables pour les riverains ».
Un enjeu de société
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de tensions autour de la laïcité et du financement des cultes en France. Alors que le gouvernement Lecornu II tente de naviguer entre les attentes des différentes communautés, cette décision judiciaire pourrait alimenter les débats sur la place de l'islam dans la société française. Certains y voient une victoire pour la laïcité, tandis que d'autres dénoncent une remise en cause du multiculturalisme.