Mosquée de Metz : la justice annule une subvention de 490 000 euros, un coup dur pour le multiculturalisme

Par Aurélie Lefebvre 30/12/2025 à 17:25
Mosquée de Metz : la justice annule une subvention de 490 000 euros, un coup dur pour le multiculturalisme

La justice annule une subvention de 490 000 euros pour la mosquée de Metz, relançant le débat sur la laïcité et le financement des cultes en France.

Une décision qui fait débat

Le tribunal administratif de Strasbourg a annulé, mardi 30 décembre, une subvention de 490 000 euros votée en juillet par le conseil municipal de Metz pour la construction de la future grande mosquée de la ville. Ce projet, qui doit accueillir jusqu'à 4 000 fidèles lors des grands rassemblements, est désormais menacé par cette décision judiciaire.

Un financement contesté

Le chantier, commencé en 2021 et essentiellement financé par les dons de fidèles, est estimé à plus de 15 millions d'euros. Saisi par trois militants de l'Union des familles laïques (UFAL), le tribunal a estimé que l'utilité publique du projet n'était pas établie. En Alsace-Moselle, où le Concordat est toujours en vigueur, l'islam n'est pas un culte officiellement reconnu, mais peut tout de même recevoir des fonds publics.

Des arguments jugés insuffisants

La justice a souligné que « pour pouvoir octroyer une subvention à une association cultuelle, la commune doit démontrer que cette subvention répond à un besoin local ». Or, la ville de Metz n'a pas fourni « aucun élément chiffré, ni état des lieux » pour prouver la nécessité d'une grande mosquée. « Dans ces conditions, et compte tenu du montant conséquent de la subvention », l'existence d'un intérêt public local n'est « pas établie », a conclu le tribunal.

Réactions politiques contrastées

L'UFAL s'est félicitée de cette décision, promettant de veiller à la restitution des fonds publics indûment perçus. À l'inverse, le maire de Metz, François Grosdidier, a critiqué une décision « hors sol ». Il compte apporter en appel la « preuve » qu'une grande mosquée est nécessaire « au moins chaque vendredi de l'année et chaque jour du mois de ramadan ».

Un projet controversé

Le projet prévoit non seulement un lieu de culte, mais aussi un centre « éducatif et culturel » avec 15 salles de classe destinées à l'enseignement de l'arabe et du Coran, une salle de sport et un hammam. Pour Grosdidier, les conditions actuelles de pratique du culte musulman à Metz sont « indignes pour ses pratiquants et insupportables pour les riverains ».

Un enjeu de société

Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de tensions autour de la laïcité et du financement des cultes en France. Alors que le gouvernement Lecornu II tente de naviguer entre les attentes des différentes communautés, cette décision judiciaire pourrait alimenter les débats sur la place de l'islam dans la société française. Certains y voient une victoire pour la laïcité, tandis que d'autres dénoncent une remise en cause du multiculturalisme.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (10)

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T

Tirésias

il y a 30 minutes

Encore une décision qui va nourrir les discours extrêmes. À force de jouer avec le feu, on va finir par se brûler. Bon...

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F

Fab-49

il y a 51 minutes

Le vrai problème, c'est que cette décision va renforcer les tensions. Les élus locaux vont devoir gérer la colère des uns et des autres. Bref, un beau merdier en perspective.

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Fragment

il y a 1 heure

En Allemagne, les mosquées sont financées par l'État dans certains Länder. En France, c'est l'inverse. Bizarre, non ? On est vraiment le pays de l'exception.

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K

Kaysersberg

il y a 1 heure

@fragment Ah ouais ? Et du coup, ça marche mieux chez eux ? Parce que nous, on a l'impression que ça part en cacahuète.

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W

WaveMaker

il y a 2 heures

La justice fait son taf, point. Les politiques, eux, ils font n'importe quoi. Fin.

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D

datadriven

il y a 2 heures

Nooooon, sérieux ??? 490 000 €, c'est l'équivalent de 10 postes d'enseignants. Et on se plaint du manque de moyens dans l'éducation... Ironique, non ?

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Entropie

il y a 2 heures

@datadriven T'es en mode 'tout est lié', là. Mais t'as raison sur un point : l'argent public, faut le mettre là où ça sert. Et une mosquée, c'est pas une priorité.

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Prisme

il y a 3 heures

490 000 €, c'est pas rien. Mais le vrai débat, c'est : pourquoi la justice s'en mêle ? La laïcité, c'est une affaire de loi, pas de tribunal. Non ?

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E

Enlightenment

il y a 3 heures

Mouais... La laïcité à géométrie variable, comme d'hab. On subventionne les églises mais pas les mosquées, et vice-versa. Bref, tout le monde est content... ou personne.

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K

Kerlouan

il y a 3 heures

@enlightenment Franchement, c'est toujours la même rengaine. On fait des lois pour tout et son contraire, et après on s'étonne que ça foire. Pfff.

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