Un emprunt obligatoire pour les plus aisés : la proposition choc des sénateurs socialistes
Alors que la dette publique française atteint des sommets, les sénateurs socialistes proposent une mesure radicale : un emprunt obligatoire et non rémunéré pour les ménages les plus fortunés. Cette initiative, inspirée de l'emprunt Mauroy des années 1980, vise à contraindre les contribuables disposant de plus d'un million d'euros de revenus annuels ou d'un patrimoine de 10 millions d'euros à prêter de l'argent à l'État.
Une mesure symbolique ou confiscatoire ?
Parmi les 20 000 foyers concernés, certains, comme Eric Larchevêque, fondateur de The Bitcoin Society, dénoncent une spoliation :
"L'État va prendre un capital chez les Français et l'allouer à un usage diffus et inconnu, alors que nous, nous l'allouons à des projets créateurs d'emploi. Un tel emprunt forcé est confiscatoire."
De son côté, Eric Heyer, directeur de l'OFCE, souligne que cette mesure équivaut à un impôt déguisé :
"C'est dire aux ménages aisés : 'On va te demander de nous prêter de l'argent à 0 % alors qu'il y a de l'inflation'. C'est un impôt."
Un compromis acceptable pour certains économistes
D'autres experts, comme Henri Sterdyniak, cofondateur des Économistes Atterrés, défendent cette proposition :
"C'est une solution symbolique qui montre à la population qu'on demande un effort aux plus riches. Et aux plus riches, on peut dire : 'C'est acceptable, on vous rendra l'argent dans cinq ans'."
Cette idée aurait été évoquée lors de discussions entre le Premier ministre Sébastien Lecornu et le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, dans le cadre des négociations budgétaires. Cependant, le gouvernement se montre prudent.
Un héritage des années 1980 revisité
L'emprunt forcé proposé rappelle celui mis en place en 1983 par Pierre Mauroy, alors Premier ministre sous François Mitterrand. À l'époque, cette mesure avait permis de financer des investissements publics sans augmenter la dette. Aujourd'hui, alors que la France fait face à une crise des finances publiques, cette solution pourrait séduire une partie de la gauche.
Un avenir incertain pour cette proposition
Si le Sénat devait adopter cet amendement, il faudrait encore qu'il soit validé par l'Assemblée nationale. Pour l'instant, le gouvernement n'a pas tranché, comme l'a indiqué Maud Bregeon, porte-parole de l'exécutif :
"Ce n'était pas un mauvais débat. Aujourd'hui, le gouvernement n'a pas tranché de position. Il faut qu'on regarde ce qui est possible de faire sur le fond."
Cette proposition s'inscrit dans un contexte où la gauche cherche à imposer une contribution accrue des plus riches, après l'échec de la taxe Zucman.