La sidérurgie française en péril : un enjeu de souveraineté industrielle
Ce jeudi 27 novembre, l'Assemblée nationale examine une proposition de loi de La France insoumise visant à nationaliser ArcelorMittal, un groupe sidérurgique en grande difficulté. Une centaine de salariés, venus de Dunkerque, Nancy et Nantes, ont manifesté devant le Palais Bourbon, brandissant des fumigènes et des casques de sécurité pour alerter sur la menace de fermeture des usines françaises au profit d'autres sites à l'étranger.
« Si demain il n'y a plus d'acier en France, comment ferons-nous tourner nos industries ? », clame un manifestant. La France insoumise dénonce une stratégie du groupe visant à délocaliser la production vers l'Inde, le Brésil ou les États-Unis, au détriment de l'emploi local.
Un débat politique polarisé
La proposition de nationalisation divise profondément la classe politique. Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis, souligne l'importance stratégique de l'acier pour la défense nationale, les transports et l'énergie. « Il n'y a pas de défense nationale sans acier », affirme-t-elle, soulignant la chute drastique des emplois dans le secteur, passés de 160 000 dans les années 1970 à moins de 30 000 aujourd'hui.
À l'inverse, Laurent Jacobelli, député RN de Moselle, fustige une logique d'État-gestionnaire, rappelant les échecs passés de la nationalisation.
« L'État a ruiné les caisses, il a mis la France dans la rue, et vous voulez lui confier les clés d'une industrie stratégique ? C'est une folie. »
Marie Lebec, députée Ensemble pour la République, rejette également l'idée, estimant qu'un changement de propriétaire ne résoudra pas les problèmes structurels du secteur.
ArcelorMittal se défend : des investissements, mais un marché mondial
Alain Le Grix de la Salle, président d'ArcelorMittal France, rappelle que le groupe a investi 1,7 milliard d'euros ces cinq dernières années. « Vous pouvez faire cela parce que vous faites partie d'un groupe mondial. En France seule, sans demande suffisante, ces investissements ne seraient pas possibles », argue-t-il.
Pourtant, les salariés craignent une désindustrialisation accélérée. Olivier Lluansi, expert au Conservatoire des Arts et Métiers, propose une alternative : baisser les prix de l'énergie pour rendre la production française compétitive, une mesure que l'État pourrait prendre rapidement.
Un vote attendu en fin de soirée
Le résultat du vote, qui pourrait sceller l'avenir d'ArcelorMittal, sera connu en fin de soirée. Alors que la gauche plaide pour une relance industrielle publique, la droite et l'extrême droite dénoncent une mesure anachronique. Dans un contexte de crise énergétique et de concurrence chinoise, le débat dépasse largement le cadre économique pour toucher à la souveraineté nationale.