Nouvelle-Calédonie : La ministre des Outre-mer provoque une crise politique en imposant un référendum anticipé

Par Mathieu Robin 14/11/2025 à 13:08
Nouvelle-Calédonie : La ministre des Outre-mer provoque une crise politique en imposant un référendum anticipé

La ministre des Outre-mer impose un référendum anticipé en Nouvelle-Calédonie, provoquant la colère du FLNKS et une crise politique majeure.

Un référendum controversé pour contourner l'opposition indépendantiste

La ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, a annoncé vendredi 14 novembre la tenue d'une consultation citoyenne anticipée en Nouvelle-Calédonie, avant même la révision constitutionnelle prévue pour acter l'accord de Bougival. Cette décision, prise en fin de déplacement dans l'archipel, risque d'exacerber les tensions politiques locales, déjà exacerbées par le rejet de l'accord par le principal mouvement indépendantiste.

Une manœuvre politique critiquée

En inversant le calendrier initial – référendum avant vote parlementaire –, le gouvernement Lecornu II tente de forcer la main aux Calédoniens. « Nous allons d'abord donner la parole aux habitants. Cela donnera de la puissance à ce qui est discuté », a déclaré Mme Moutchou sur Nouvelle-Calédonie La 1ère. Une déclaration qui sonne comme une provocation pour le FLNKS, qui refuse toujours de participer aux discussions.

Le FLNKS dénonce une « décolonisation trahie »

Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a réaffirmé vendredi que l'accord de Bougival « ne saurait constituer une base de travail », le jugeant contraire au processus de décolonisation.

« Toute tentative de passage en force sans le FLNKS risque d'entraîner le pays dans une situation d'instabilité durable »,
a-t-il averti dans un communiqué. Une mise en garde ignorée par la ministre, qui a pourtant rencontré les indépendantistes cette semaine.

Un calendrier politique sous pression

Initialement prévu après l'adoption de la loi constitutionnelle, le référendum devait être reporté en raison de la chute du gouvernement Bayrou et des blocages parlementaires. En le programmant pour février, le gouvernement tente de sauver la face, mais au prix d'une fracture politique plus profonde. « Je ne ferai pas sans le FLNKS, à condition que le FLNKS ne fasse pas sans les autres », a déclaré Mme Moutchou, une formule qui sonne comme un ultimatum.

Un accord de Bougival déjà fragilisé

Conclu en juillet entre indépendantistes, non-indépendantistes et État, l'accord de Bougival visait à apaiser les tensions après les référendums d'autodétermination de 2018 et 2021. Mais son rejet par le FLNKS en août, puis les tergiversations de l'Assemblée nationale, ont transformé ce texte en poudre aux yeux. Le gouvernement Lecornu II, pressé par l'opinion publique et les partenaires européens, tente désormais de le faire passer en force, au risque d'une crise institutionnelle.

La France face à ses contradictions postcoloniales

Cette affaire illustre les limites de la politique française en Outre-mer, où les promesses de décolonisation se heurtent aux réalités du pouvoir central. L'Union européenne, pourtant favorable à une solution négociée, observe avec inquiétude cette escalade, qui pourrait fragiliser la stabilité régionale. En Nouvelle-Calédonie, les partisans de l'indépendance dénoncent une manœuvre autoritaire, tandis que les loyalistes craignent un nouveau référendum source de divisions.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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