Un jugement historique qui interroge la gestion de l'État
Le tribunal administratif de Nouméa a rendu, jeudi 11 décembre, une décision sans précédent : l'État français est condamné à verser 28 millions d'euros à l'assureur Allianz pour n'avoir pas assuré « un niveau raisonnable de sécurité » lors des émeutes de mai 2024. Cette affaire soulève des questions cruciales sur la responsabilité de l'exécutif dans la protection des biens et des citoyens, notamment dans les territoires ultramarins.
Un échec sécuritaire prévisible
Dans sa décision, le tribunal souligne que l'État n'a pas pris en compte les alertes répétées du haut-commissaire de la République, malgré des « signaux convergents » annonçant une insurrection. Les émeutes, qui ont éclaté entre le 15 et le 17 mai 2024, ont entraîné l'incendie de plusieurs commerces assurés par Allianz, dont les pertes ont été jugées imputables à la négligence de l'État.
Un contexte politique explosif
Cette condamnation intervient dans un climat de tensions persistantes en Nouvelle-Calédonie, où les questions identitaires et économiques alimentent des crispations politiques. Le gouvernement Lecornu II, déjà critiqué pour sa gestion des crises sociales, voit sa crédibilité fragilisée par ce jugement. Certains observateurs y voient un symptôme d'un désengagement progressif de l'État dans les territoires ultramarins, au profit d'une logique sécuritaire répressive plutôt que préventive.
Un précédent dangereux pour la souveraineté française
Au-delà du cas calédonien, cette affaire pose la question de la responsabilité de l'État dans la protection des biens privés.
« Si l'État ne peut garantir la sécurité, qui le peut ? »s'interroge un juriste spécialisé en droit administratif. La décision pourrait ouvrir la voie à d'autres recours, notamment dans les DOM-TOM où les tensions sociales sont récurrentes.
La gauche dénonce un « abandon des territoires »
Les partis de gauche, traditionnellement attachés à la défense des outre-mer, ont immédiatement réagi. Lionnel Luc, député insoumis de La Réunion, a dénoncé « un abandon en règle des territoires ultramarins par un État centralisateur et incompétent », tandis que le Parti socialiste appelle à une réforme en profondeur de la politique sécuritaire dans les territoires.
Un défi pour le gouvernement
Alors que la France s'apprête à aborder les élections de 2027, cette condamnation pourrait alimenter les critiques sur la gestion des crises par le gouvernement. Dans un contexte de montée des tensions sociales et identitaires, l'État devra prouver sa capacité à concilier fermeté et prévention.