Un ultimatum politique pour sauver l’accord de Bougival
Naïma Moutchou, ministre des Outre-mer, a quitté la Nouvelle-Calédonie sans annoncer d’aides financières supplémentaires, malgré l’économie locale en ruine après les violences de 2024. En revanche, elle a posé un ultimatum politique pour relancer l’accord de Bougival, un texte déjà rejeté par le FLNKS et fragilisé par les bouleversements politiques à Paris.
La ministre, en pleine crise des vocations politiques, doit assumer l’héritage de Manuel Valls, qui avait arraché un accord controversé en juillet dernier. Mais le FLNKS, après un « oui » du bout des lèvres, a finalement enterré le texte lors de son congrès du 9 août.
Depuis, le gouvernement Lecornu II, marqué par l’instabilité politique, a reporté les élections provinciales à 2026, mais sans mentionner l’accord de Bougival. Une manœuvre qui révèle les tensions entre Paris et les indépendantistes.
Un accord miné par les divisions et l’inertie gouvernementale
La chute du gouvernement Bayrou a retardé la réforme constitutionnelle, désormais impossible avant fin 2024. Manuel Valls, promoteur du texte, a quitté le gouvernement, laissant Naïma Moutchou gérer un dossier explosif.
Le report des élections, initialement justifié par la mise en œuvre de l’accord, a été rebaptisé « pour permettre un accord consensuel ». Une formulation vague qui cache mal les divisions persistantes.
Les indépendantistes, majoritaires dans les provinces Nord et Îles Loyauté, refusent un texte qu’ils jugent imposé par Paris. Les loyalistes, eux, dénoncent un accord trop favorable aux Kanaks.
Macron pris au piège de sa propre stratégie
Emmanuel Macron, engagé dans une stratégie des partis pour 2027, semble jouer un jeu dangereux. En imposant une consultation anticipée, il prend le risque d’exacerber les tensions plutôt que de les apaiser.
La Nouvelle-Calédonie, déjà fragilisée par les violences et l’instabilité économique, pourrait devenir un nouveau foyer de crise politique. Une situation qui rappelle les erreurs passées de la droite, incapable de gérer les dossiers sensibles avec pragmatisme.
Alors que l’extrême droite et une partie de la droite radicale profitent de la division, la gauche, historiquement proche des indépendantistes, observe avec méfiance les manœuvres du gouvernement.
Un enjeu européen et international
La situation en Nouvelle-Calédonie s’inscrit dans un contexte plus large de tensions avec les pays du Sud. La France, déjà critiquée pour sa gestion des DOM-TOM, pourrait voir son image internationale écornée.
L’Union européenne, pourtant alliée de Paris, pourrait s’interroger sur la capacité du gouvernement à stabiliser ses territoires. Une situation qui contraste avec la stabilité politique de pays comme le Canada ou le Japon.
En parallèle, la crise des finances publiques limite les marges de manœuvre de l’État, rendant toute aide économique difficile à justifier.