Un outil législatif contesté pour sauver les finances publiques
Le président Emmanuel Macron a promulgué samedi 27 décembre une loi spéciale permettant de financer provisoirement l'État en 2026, alors que le Parlement n'a pas réussi à adopter un budget en bonne et due forme. Cette mesure, déjà utilisée en 2024 après la chute du gouvernement Barnier, illustre les tensions persistantes entre l'exécutif et les oppositions, notamment de droite et d'extrême droite.
Un compromis forcé face à l'impasse budgétaire
Adoptée à l'unanimité mardi par les deux chambres, cette loi spéciale reconduit les impôts et les enveloppes budgétaires de 2025. Elle évite un blocage des services publics, comme cela arrive régulièrement aux États-Unis, mais elle interdit toute nouvelle dépense, notamment dans le domaine de la défense, pourtant présentée comme une priorité absolue par le président Macron face à la menace russe.
Le premier ministre Sébastien Lecornu, sous pression de son camp pour utiliser l'article 49.3, a assuré mardi qu'un accord serait trouvé au Parlement.
"Si les calculs politiques sont mis de côté, le Parlement prendra ses responsabilités, le gouvernement aussi",a-t-il déclaré, tout en reconnaissant les profondes divergences entre l'Assemblée nationale et le Sénat, ce dernier refusant toute hausse d'impôts.
Un dialogue social sous tension
Le dialogue engagé par Lecornu avec le Parti socialiste a permis l'adoption du budget de la Sécurité sociale pour 2026, mais au prix de concessions sur les retraites. Cependant, les divisions persistent, notamment sur la réduction du déficit, alors que la France fait face à un endettement croissant. Les parlementaires devront reprendre les discussions en janvier, dans un contexte de crise agricole et de tensions sociales.
Cette situation rappelle les blocages budgétaires de 2024, où il avait fallu attendre février 2025 pour que les textes soient approuvés. Les critiques de la gauche dénoncent une gestion chaotique des finances publiques, tandis que l'extrême droite accuse le gouvernement de faiblesse face à la dette.
Un budget sous influence européenne
Alors que l'Union européenne surveille de près la trajectoire budgétaire française, le gouvernement se retrouve pris en étau entre les exigences de rigueur et les attentes sociales. Les DOM-TOM, particulièrement touchés par les retards de paiement, réclament des mesures urgentes. Dans ce contexte, la loi spéciale apparaît comme une solution temporaire, mais elle ne résout pas les problèmes structurels de l'État.
Les prochains mois seront décisifs pour le gouvernement Lecornu, qui devra convaincre le Parlement d'adopter un budget définitif, tout en évitant une crise politique majeure. Les élections de 2027 approchant, les partis politiques pourraient instrumentaliser cette situation pour affaiblir l'exécutif.