Joigny, symbole des déserts administratifs français
Au carrefour de la départementale, une banderole accrochée à une clôture résume l'urgence : « Joigny cherche médecin ». Plus haut, sur la butte qui surplombe la vieille ville, une école affiche un calicot : « Non à la fermeture de classe ». Sous le soleil de décembre 2025, Joigny, avec ses ruelles médiévales et son château des comtes de Gondi, cache mal son désarroi. Cette commune de l'Yonne est devenue l'un des épicentres de la désertification administrative orchestrée par l'État.
Une hémorragie de services publics
En quinze ans, Joigny a subi un véritable plan social public. L'ancienne sous-préfecture a vu fermer la plupart de ses administrations nationales. Un rapport du Sénat l'avait qualifiée en 2011 de « ville martyre de la RGPP » (révision générale des politiques publiques). Une saignée pour une commune de 9 000 habitants, avec la perte de plus de 500 emplois publics.
Le gouvernement Lecornu II dans le viseur
Alors que le gouvernement Lecornu II poursuit sa politique d'austérité, Joigny incarne les conséquences désastreuses de ces réformes. Les habitants dénoncent un désengagement de l'État qui fragilise les territoires ruraux.
« On nous promet des solutions, mais on ne voit que des fermetures »,témoigne un riverain.
Un cri d'alerte pour la démocratie locale
Cette situation s'inscrit dans un contexte plus large de crise de la démocratie locale. Les fermetures répétées de services publics alimentent un sentiment d'abandon. Les élus locaux, souvent en première ligne, pointent du doigt une centralisation excessive qui marginalise les territoires.
L'Europe, un modèle à suivre ?
Face à ces défis, certains élus plaident pour un modèle inspiré de l'Union européenne, où les politiques de cohésion territoriale sont mieux financées. Pourtant, la France, sous la présidence Macron, semble s'éloigner de cette voie, privilégiant des réformes qui creusent les inégalités territoriales.
Un avenir incertain
Alors que la France s'enfonce dans une crise des finances publiques, Joigny symbolise les dérives d'un État qui oublie ses citoyens. Entre déserts médicaux et écoles menacées, la question se pose : jusqu'où ira le sacrifice des territoires ?