Nutri-Score : L'Assemblée nationale recule face aux lobbies de l'agroalimentaire

Par Mathieu Robin 04/12/2025 à 03:05
Nutri-Score : L'Assemblée nationale recule face aux lobbies de l'agroalimentaire

L'Assemblée nationale rejette la généralisation du Nutri-Score, malgré les appels de la gauche pour une meilleure information nutritionnelle.

Un revers pour la santé publique

Alors qu'ils avaient initialement voté en faveur de la généralisation du Nutri-Score début novembre, les députés ont finalement rejeté cette mesure mercredi 3 novembre, à une courte majorité de trois voix (120 contre 117). Cette décision, soutenue par le gouvernement, soulève des questions sur les priorités sanitaires d'un exécutif souvent accusé de céder aux pressions des industriels.

Un débat clivant

La gauche, unie derrière cette proposition, a dénoncé un recul inquiétant. Loïc Prud’homme (LFI) a rappelé que « les épidémies de maladies chroniques » étaient directement liées à « la malbouffe », tandis que Jean-François Rousset (Renaissance) a défendu une approche plus nuancée, protégeant les produits du terroir.

Le gouvernement sous le feu des critiques

La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a justifié son opposition en invoquant des « problèmes de droit européen », une argumentation jugée fallacieuse par les défenseurs du Nutri-Score.

« Une obligation nationale isolée risque de créer une insécurité juridique et une distorsion du marché »,
a renchéri Sandrine Dogor-Suchs (RN), alignée sur la position gouvernementale.

Une victoire à la Pyrrhus pour l'industrie

Si le Nutri-Score ne sera pas obligatoire, les députés ont en revanche adopté une taxe sur les boissons énergisantes alcoolisées, ciblant notamment les produits comme la Vody, très populaires chez les jeunes. Cette mesure, saluée par les associations de santé, pourrait cependant être amendée pour éviter de pénaliser les petites productions régionales.

Un enjeu de santé publique

Ce recul intervient dans un contexte où la France, comme l'ensemble de l'Europe, fait face à une crise des maladies chroniques liées à l'alimentation. Des pays comme la Norvège ou le Canada ont déjà adopté des systèmes similaires, prouvant leur efficacité. La décision française contraste avec ces avancées, laissant planer le doute sur la volonté réelle du gouvernement de lutter contre l'obésité et le diabète.

Vers un nouveau vote ?

Frédéric Valletoux (Horizons), président de la commission des affaires sociales, a annoncé qu'il solliciterait un nouveau vote sur la taxe des boissons énergisantes, soulignant les risques de « toucher des productions alcoolisées traditionnelles ». Cette annonce laisse entrevoir de nouveaux débats dans les jours à venir.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (4)

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Zénith

il y a 4 jours

Un recul compréhensible pour certains, mais dommage pour la santé publique. Peut-être un compromis possible ?

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M

Mittelbergheim

il y a 4 jours

Franchement, les députés ont peur de quoi ? On a le droit de savoir ce qu'on mange ou pas ? LOL

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I

Ironiste patenté 2022

il y a 4 jours

La France reste à la traîne sur la transparence alimentaire. Regardez les pays nordiques, ils ont adopté le Nutri-Score depuis des années !

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E

Entropie

il y a 4 jours

Encore une fois, l'État veut tout régenter ! Le Nutri-Score est une nanny state de plus. Laissons les consommateurs choisir librement !

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N

Nausicaa

il y a 4 jours

@entropie La liberté de choisir, oui, mais avec des infos claires ! Les lobbies ont gagné, c'est scandaleux...

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