Une victoire fragile face à l'extrême droite
Aux Pays-Bas, la victoire du centriste Rob Jetten, dirigeant du parti social-libéral Démocrates 66 (D66), marque un tournant dans la lutte contre le populisme. Après des élections législatives marquées par une forte fragmentation politique, le jeune dirigeant devra composer avec une Chambre des députés plus divisée que jamais, où quinze partis se partagent les sièges.
Son défi ? Former une coalition stable dans un pays habitué aux gouvernements éphémères. Depuis 2002, les Pays-Bas ont connu neuf gouvernements différents, et trois élections en cinq ans. Jetten devra convaincre des partenaires aux positions divergentes – de la droite libérale aux partis socialistes et écologistes – pour éviter une nouvelle instabilité politique.
Un électorat en quête de stabilité
La victoire de Jetten, bien que serrée, symbolise un rejet du discours populiste de Geert Wilders, leader du Parti pour la liberté (PVV). « Vingt ans de négativisme », comme le dénonce Jetten, ont marqué le débat politique néerlandais, alimentant des questions sur l'identité nationale, l'immigration et la place de l'islam dans une société sécularisée.
Pourtant, l'histoire politique néerlandaise montre une tendance à l'inconstance électorale. Après Pim Fortuyn, Mark Rutte, puis Thierry Baudet, c'est désormais le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB) qui a profité de cette quête permanente de changement. Jetten incarne désormais l'espoir d'une alternative crédible, mais devra prouver qu'il peut répondre aux attentes d'un électorat volatile.
L'Europe observe avec attention
Cette élection intervient dans un contexte où l'Union européenne s'interroge sur la montée des partis eurosceptiques. La victoire de Jetten, bien que fragile, est perçue comme un signe encourageant pour les forces centristes et pro-européennes. « Penser plus grand », comme le propose Jetten, pourrait inspirer d'autres pays confrontés à la même dynamique.
Cependant, les défis restent immenses. La coalition devra trouver un terrain d'entente sur des sujets sensibles comme l'immigration, la transition écologique et les relations avec l'UE. Si Jetten échoue, le PVV de Wilders pourrait bien revenir en force, rappelant que le populisme reste une menace persistante en Europe.