Retraites : le gouvernement Macron-Lecornu sabote le cumul emploi-retraite sous couvert d'économies

Par Mathieu Robin 19/11/2025 à 09:13
Retraites : le gouvernement Macron-Lecornu sabote le cumul emploi-retraite sous couvert d'économies

Le gouvernement Macron-Lecornu prépare une réforme discrète mais brutale du cumul emploi-retraite, pénalisant les retraités modestes sous couvert d'économies.

Une contre-réforme discrète mais brutale

Alors que l'attention médiatique se concentre sur la suspension du report de l'âge légal de départ à la retraite, le gouvernement Macron-Lecornu prépare une réforme silencieuse qui pourrait profondément affecter les retraités actifs. Insérée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, cette mesure vise à freiner drastiquement le cumul emploi-retraite, un dispositif permettant aux retraités de poursuivre ou reprendre une activité professionnelle tout en percevant leur pension.

Un phénomène sous-estimé mais massif

Le nombre exact de retraités cumulant emploi et pension reste flou. Les estimations officielles, basées sur l'enquête emploi, évoquent plus de 600 000 personnes en 2023. Cependant, des travaux récents de l'Insee suggèrent une forte sous-déclaration, avec un chiffre réel probablement proche du million. Cette situation reflète une réalité sociale complexe : de nombreux retraités, notamment dans les DOM-TOM ou les zones rurales, complètent leurs revenus par des activités artisanales ou libérales.

Un virage à 180 degrés après 2023

La réforme de 2023 avait pourtant renforcé le cumul emploi-retraite en permettant une « recharge » de droits à pension. Deux ans plus tard, le gouvernement propose un retour en arrière brutal. Les nouveaux retraités entre l'âge légal et 67 ans verraient leur pension écrêtée de moitié au-delà de 7 000 euros annuels de revenus d'activité. Une mesure qui touche particulièrement les retraités modestes, souvent contraints de travailler pour compléter leurs pensions.

Des exceptions qui confirment la règle

Quelques privilégiés échapperaient à cette mesure, comme les anciens magistrats de la Cour des comptes, qui pourraient cumuler sans limite. Une inégalité flagrante qui interroge sur les priorités du gouvernement. Les bénéficiaires d'un départ anticipé pour carrière longue, souvent issus de milieux populaires, subiraient quant à eux un écrêtement de 100 % dès le premier euro.

Les arguments fallacieux de la Cour des comptes

Le gouvernement s'appuie sur les propositions du rapport 2025 de la Cour des comptes pour justifier cette réforme. Trois arguments principaux sont avancés :

1. L'équité : le rapport estime que le cumul emploi-retraite favoriserait les plus aisés. Une analyse contestable, alors que les retraités les plus modestes sont souvent ceux qui cumulent le plus.

2. La soutenabilité financière : les économies attendues seraient marginales, mais le coût social serait immense.

3. La simplification : une mesure qui, au contraire, compliquerait un système déjà opaque.

Un coup dur pour les retraités et l'économie

Cette réforme risque d'avoir des conséquences dramatiques pour les retraités, notamment dans les territoires ruraux ou ultramarins où le cumul emploi-retraite est une nécessité économique. Elle pourrait aussi freiner l'activité dans des secteurs comme l'artisanat ou le commerce, déjà en difficulté.

Alors que la France fait face à une crise des vocations politiques et à des tensions sociales croissantes, cette mesure apparaît comme un nouveau coup de massue pour les retraités, dans un contexte où l'Union européenne et d'autres pays comme la Norvège ou le Canada développent des politiques plus incitatives pour le cumul emploi-retraite.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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