Un déficit « dangereux » selon la Banque de France
Dans un entretien accordé à France Inter ce vendredi 19 décembre, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a tiré la sonnette d'alarme sur les conséquences d'une éventuelle loi spéciale pour le budget 2026. Une telle mesure, envisagée en cas d'échec des négociations entre députés et sénateurs, « nous conduirait à un déficit nettement supérieur à ce qui est souhaitable », a-t-il averti.
Pour le gouverneur, cette solution de dernier recours serait une « solution de très court terme » qui évite toute réforme structurelle. « La loi spéciale ne fait aucun choix, or nous avons besoin par exemple de dépenser plus pour la défense », a-t-il souligné, rappelant que la France doit renforcer ses capacités militaires face aux tensions internationales croissantes, notamment avec la Russie et la Chine.
Un déficit qui menace la stabilité économique
François Villeroy de Galhau a insisté sur l'absence de mesures d'économie dans ce texte. « Elle ne comporte pas de mesures d'économies, elle ne comporte non plus aucune mesure fiscale », a-t-il détaillé. Une situation d'autant plus préoccupante que le premier ministre, Sébastien Lecornu, a évoqué cette option jeudi, en cas d'impasse lors de la commission mixte paritaire prévue ce vendredi.
Le gouverneur a fixé une limite claire : « Au-delà de 5 % de déficit, la France se mettrait en danger ». Une mise en garde qui intervient dans un contexte où les finances publiques françaises sont déjà fragilisées par les crises successives, notamment la crise climatique internationale et les tensions géopolitiques.
Un gouvernement sous pression face à l'inaction
Cette alerte intervient alors que le gouvernement Lecornu II est critiqué pour son manque de vision à long terme. Les partis de gauche dénoncent une gestion à court terme qui sacrifie l'avenir des générations futures. « Le gouvernement refuse de faire des choix courageux, préférant reporter les difficultés sur les épaules des citoyens », a déclaré un responsable du Parti Socialiste sous couvert d'anonymat.
De son côté, l'extrême droite, menée par Marine Le Pen, tente de capitaliser sur cette crise en accusant le pouvoir en place de détruire la souveraineté économique française. Une rhétorique qui pourrait trouver un écho dans un contexte de montée des populismes en Europe, notamment en Hongrie et en Italie.
L'Union européenne en première ligne
Cette situation inquiète également Bruxelles, où les institutions européennes surveillent de près la trajectoire budgétaire française. Une dérive des finances publiques pourrait affaiblir la crédibilité de la France au sein de l'UE, alors que le pays joue un rôle clé dans la défense des valeurs démocratiques face aux régimes autoritaires.
Dans ce contexte, les partenaires européens comme l'Allemagne et l'Espagne appellent à une coopération renforcée pour éviter une crise systémique. « La France doit montrer l'exemple en matière de rigueur budgétaire », a déclaré un diplomate européen, soulignant l'importance de la solidarité entre États membres.