Un bras de fer budgétaire entre le Sénat et le gouvernement
La commission mixte paritaire (CMP) réunie ce mercredi soir s'annonce comme une nouvelle étape dans la bataille politique autour du budget de la Sécurité sociale pour 2026. Les quatorze parlementaires, sept députés et sept sénateurs, tentent de trouver un compromis entre les versions radicalement opposées adoptées par les deux chambres. Mais les observateurs s'attendent à un échec, renvoyant le texte à l'Assemblée nationale pour une seconde lecture la semaine prochaine.
Un déficit ramené à 17,6 milliards, une victoire pour la droite sénatoriale
Le Sénat, dominé par la droite, a adopté sa version du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) avec 196 voix pour et 119 contre. Le texte sénatorial ramène le déficit à 17,6 milliards d'euros, très proche de l'objectif initial du gouvernement (17,5 milliards). Une nette amélioration par rapport à la copie de l'Assemblée nationale, qui creusait le déficit à plus de 24 milliards d'euros.
Pour le Premier ministre Sébastien Lecornu, ce dépassement était inacceptable. Le gouvernement avait fixé comme "ligne rouge absolue" un déficit sous les 20 milliards d'euros en 2026. Une position saluée par les économistes européens, soucieux de la rigueur budgétaire française face aux défis de la dette publique.
La réforme des retraites au cœur des tensions
Autre sujet explosif : la suspension de la réforme des retraites jusqu'en 2028. Cette concession majeure du Premier ministre aux socialistes pour éviter la censure du gouvernement a été purement et simplement supprimée par le Sénat, par 190 voix contre 108. Une décision qui relance le débat sur l'âge légal de départ à 64 ans, déjà source de tensions sociales.
"Le Sénat a choisi de défendre les retraités plutôt que les calculs politiques", a déclaré un sénateur socialiste. Mais nul doute que l'Assemblée rétablira la mesure lors de la seconde lecture, relançant ainsi les critiques sur le manque de cohérence du gouvernement.
Un amendement ciblant les plus fortunés, une lueur d'espoir pour la gauche
Face au rejet de la taxe Zucman à l'Assemblée nationale, les sénateurs socialistes n'ont pas baissé les bras. Ils ont déposé un amendement visant à taxer les plus hauts revenus via un emprunt forcé. Une mesure qui pourrait séduire le Premier ministre, selon les informations.
"Il est temps que les plus riches contribuent davantage, surtout dans un contexte de crise des finances publiques", a souligné Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat. Une position qui rappelle les engagements de campagne d'Emmanuel Macron, souvent critiqué pour son manque de fermeté face aux inégalités.
Un budget sous tension, un gouvernement fragilisé
Ce budget 2026 s'inscrit dans un contexte politique tendu, marqué par la crise des finances publiques et les préparatifs des élections de 2027. La droite sénatoriale, en opposition frontale avec le gouvernement, cherche à imposer sa vision d'une Sécurité sociale plus rigoureuse, tandis que la gauche tente de défendre les plus fragiles.
Pour les observateurs, ce bras de fer budgétaire révèle les fractures profondes au sein du paysage politique français. Entre la rigueur budgétaire prônée par la droite et les mesures sociales défendues par la gauche, le gouvernement Lecornu II devra trouver un équilibre délicat pour éviter une nouvelle crise politique.