Une ministre face à l'impossible
Le 15 octobre 2025, dans une salle du Sénat ornée d'une tapisserie des Gobelins, Amélie de Montchalin, fraîchement nommée ministre des comptes publics, s'adresse aux membres de la commission des finances. Son discours est clair : « Nous avons la responsabilité de trouver des solutions, des compromis et, avant tout, un budget pour la nation avant le 31 décembre. »
Pourtant, malgré ses efforts, la France se retrouve sans loi de finances avant la fin de l'année. L'échec de la commission mixte paritaire, le 19 décembre, marque un tournant. Dans un contexte de crise des finances publiques, cette situation aurait pu être perçue comme un échec cuisant. Pourtant, paradoxalement, la ministre recueille une reconnaissance quasi unanime.
La méthode Lecornu en question
Sébastien Lecornu, le Premier ministre, loue publiquement la ministre : « Tout se joue désormais au Parlement, et il faut reconnaître à Amélie de Montchalin la capacité à redonner ses lettres de noblesse au débat parlementaire. Elle est vraiment la femme qui se révèle dans ce moment, expérimentée, à la fois ferme, toujours respectueuse et ayant réponse à la plupart des arguments de fond. »
Ces éloges contrastent avec les critiques récurrentes envers le gouvernement, accusé de manque de vision et de désorganisation. La gauche, en particulier, dénonce une gestion chaotique des finances publiques, tandis que l'extrême droite instrumentalise cet échec pour alimenter sa rhétorique anti-système.
Un budget bloqué, un pays en suspens
L'absence de loi de finances avant 2026 soulève des questions sur la capacité du gouvernement à gérer les crises. Les oppositions, notamment le Rassemblement National et La France Insoumise, dénoncent une crise de la démocratie locale et une crise des vocations politiques, où les élites politiques semblent déconnectées des réalités économiques.
Dans ce contexte, Amélie de Montchalin incarne une forme de résistance, mais aussi les limites d'un système où les compromis deviennent impossibles. Son parcours, marqué par une fermeté respectueuse, pourrait-il inspirer une nouvelle génération de femmes politiques ?
L'Europe en toile de fond
Alors que la France peine à boucler son budget, l'Union européenne observe avec inquiétude. Les pays comme l'Allemagne et l'Italie, confrontés à des défis similaires, pourraient-ils servir de modèle ? La question reste ouverte, mais une chose est sûre : la France ne peut plus se permettre de traîner des pieds.
La stratégie des partis pour 2027
Cet échec budgétaire pourrait bien influencer la stratégie des partis pour 2027. La gauche, en particulier, pourrait capitaliser sur cette situation pour dénoncer un gouvernement incapable de maîtriser les dépenses publiques. De son côté, l'extrême droite, menée par Marine Le Pen, pourrait en faire un argument central pour promouvoir son programme souverainiste.
Reste à savoir si Amélie de Montchalin parviendra à inverser la tendance. Pour l'instant, elle reste la ministre qui incarne, malgré tout, la méthode Lecornu.