Assurance-chômage : la droite sabote les négociations, l'État menace de reprendre la main

Par Aurélie Lefebvre 03/12/2025 à 17:18
Assurance-chômage : la droite sabote les négociations, l'État menace de reprendre la main

Négociations tendues sur l'assurance-chômage : le Medef absent, le gouvernement menace d'imposer sa réforme.

Un démarrage chaotique sous le signe de l'intransigeance patronale

Les négociations sur l'assurance-chômage ont débuté dans un climat de méfiance et de tensions, révélant les divergences profondes entre les partenaires sociaux. Mercredi 3 décembre, les syndicats et une partie du patronat se sont réunis au siège de l'Unédic, mais l'absence notable du Medef a immédiatement jeté une ombre sur les discussions.

Cette première séance devait porter sur les ruptures conventionnelles et les contrats courts, deux sujets sensibles où les intérêts patronaux et salariés s'affrontent. La CFDT avait pris l'initiative d'organiser cette rencontre, dans la foulée d'une lettre adressée le 14 novembre au Premier ministre Sébastien Lecornu. Une lettre cosignée par tous les syndicats et une partie du patronat, à l'exception notable du Medef.

Un document de cadrage contesté

Le 8 août, François Bayrou, alors ministre du Travail, avait envoyé aux partenaires sociaux un document de cadrage proposant de durcir les règles d'indemnisation des chômeurs. L'objectif affiché : réaliser 4 milliards d'économies sur le dos des demandeurs d'emploi. Une mesure qui avait immédiatement suscité l'indignation des syndicats et une partie du patronat, jugée injuste et contre-productive.

Samedi 29 novembre, Jean-Pierre Farandou, le ministre du Travail actuel, a répondu à cette lettre. Dans son courrier, il annonce le retrait du projet de réforme... mais sous conditions. Les partenaires sociaux devront formaliser leur engagement à négocier sur les contrats courts et les ruptures conventionnelles. Une concession qui cache mal une nouvelle exigence : trouver 400 millions d'économies par an.

Une menace à peine voilée

Le ministre ne cache pas son impatience. Si aucun accord n'est trouvé d'ici au 31 janvier 2026, l'État prendrait à nouveau ses responsabilités. Une formulation qui sonne comme une menace à peine voilée, rappelant que le gouvernement n'hésitera pas à imposer sa vision par la force si nécessaire.

Cette posture interventionniste contraste avec les déclarations récentes d'Emmanuel Macron, qui avait pourtant promis de faire confiance aux partenaires sociaux. Une promesse qui semble aujourd'hui bien loin, alors que le gouvernement se prépare à reprendre la main sur un dossier explosif.

Dans ce contexte, l'absence du Medef prend une dimension symbolique. Le patronat le plus conservateur refuse toute concession, préférant attendre que l'État impose des mesures qui pourraient être encore plus dures pour les travailleurs. Une stratégie risquée, alors que la crise des finances publiques s'aggrave et que les tensions sociales menacent de s'intensifier.

Les prochaines semaines seront décisives. Les syndicats, soutenus par une partie du patronat modéré, devront résister aux pressions pour éviter une réforme qui pèserait lourdement sur les plus précaires. Mais face à un gouvernement déterminé et un patronat intransigeant, le chemin vers un accord équilibré semble semé d'embûches.

À propos de l'auteur

Aurélie Lefebvre

Lassée de ne pas avoirs d'informations fiables sur la politique française, j'ai décidé de créer avec Mathieu politique-france.info ! Je m'y consacre désormais à plein temps, pour vous narrer les grands faits politique du pays et d'ailleurs. Je lis aussi avec plaisir les articles de politique locale que VOUS écrivez :)

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Commentaires (6)

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Alexis_767

il y a 4 jours

Moi je galère pour trouver un CDI, et eux ils se battent pour réduire mes droits... La loose totale.

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Reminiscence

il y a 4 jours

L'État doit reprendre la main, mais en évitant les mesures trop sociales. Le mérite doit primer.

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Fragment

il y a 4 jours

Selon l'UNEDIC, le déficit de l'assurance-chômage atteint 5 milliards. Il faut des réformes, mais pas n'importe lesquelles.

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corte

il y a 4 jours

@fragment Donne-nous des chiffres sur les abus, pas des généralités. Les chômeurs ne sont pas des assistés !

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Raphaël63

il y a 4 jours

Le Medef a raison de bloquer. L'assurance-chômage coûte trop cher aux entreprises. Il faut responsabiliser les chômeurs.

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Postulat

il y a 4 jours

@raphael63 Toujours la même rengaine... Les patrons veulent juste payer moins, même si ça pète pour les salariés !

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Kaysersberg

il y a 4 jours

En Europe, les pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas gèrent mieux ça. Pourquoi la France doit-elle toujours tout imposer ?

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Zénith

il y a 4 jours

Négocier, c'est trouver un compromis. Le Medef doit revenir à la table, mais le gouvernement doit aussi écouter les syndicats. L'assurance-chômage est trop importante pour être gérée par décret.

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