Un coût incertain, mais des conséquences évidentes
Alors que la France s'enfonce dans une crise budgétaire sans précédent, la loi spéciale adoptée en décembre dernier révèle toute son ambiguïté. Initialement présentée comme une solution temporaire, cette mesure pourrait bien creuser davantage le déficit public, déjà sous tension. Le gouvernement Lecornu II, sous la présidence d'Emmanuel Macron, se retrouve pris au piège d'un dispositif qui, selon les critiques, favorise l'immobilisme politique au détriment de l'économie.
Un chiffrage contesté et des économies reportées
Les estimations initiales du ministère des Comptes publics évoquaient un coût de 11 milliards d'euros. Pourtant, Bercy admet aujourd'hui ne pas disposer d'un chiffrage stabilisé. Une incohérence qui alimente les doutes sur la transparence du gouvernement. Pire encore, la loi spéciale empêche toute mesure d'économie, comme le gel des pensions de retraite ou la réforme de l'abattement fiscal pour les retraités, pourtant promises par le gouvernement.
« La loi spéciale ne comporte pas de mesures d'économies, ni aucune mesure fiscale. »
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, dénonce ainsi un déficit « nettement supérieur à ce qui est souhaitable ». Une critique qui rejoint celle des oppositions, notamment à gauche, qui accusent le gouvernement de manquer de courage face aux défis économiques.
Un climat d'incertitude délétère
Au-delà des chiffres, c'est l'impact sur la croissance qui inquiète. Selon le ministère, le manque de visibilité pourrait coûter 0,2 point de PIB, soit 3 milliards d'euros en moins. Une situation d'autant plus préoccupante que les entreprises, déjà fragilisées par les crises successives, peinent à se projeter. Pourtant, certains acteurs économiques semblent s'habituer à cette instabilité, comme le souligne le gouverneur de la Banque de France.
« Le patient est résilient », affirme-t-il, avant d'ajouter : « Il faut donner un coup de chapeau au courage des entrepreneurs qui continuent à se battre. » Une résilience qui ne doit pas masquer les failles d'un système politique en crise.
Une loi spéciale au service de qui ?
Alors que le gouvernement présente cette mesure comme un « service minimum », les observateurs y voient surtout un outil au service d'un pouvoir en difficulté. En l'absence d'accord sur le budget 2026, cette loi spéciale risque de prolonger une situation déjà critique. Une situation qui profite surtout aux forces politiques les plus radicales, comme l'extrême droite, qui ne cessent de dénoncer l'incapacité de l'exécutif à maîtriser les dépenses publiques.
Face à cette situation, la gauche appelle à une refonte profonde des finances publiques, avec des mesures de justice fiscale et une meilleure redistribution des richesses. Une solution qui, pour l'instant, reste lettre morte dans les couloirs du pouvoir.