Boissons énergisantes alcoolisées : l'Assemblée nationale frappe un grand coup contre le marketing toxique
L'Assemblée nationale taxe les boissons énergisantes alcoolisées pour lutter contre leur marketing toxique ciblant les jeunes.
Une taxe pour enrayer un fléau sanitaire
Vendredi 7 novembre, les députés ont adopté une mesure phare dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale : une taxe ciblant spécifiquement les boissons énergisantes alcoolisées. Une décision saluée par les associations de santé publique, mais qui révèle l'échec des politiques de prévention menées jusqu'ici par la droite et l'extrême droite.
Le Vody, symbole d'une industrie débridée
Parmi les produits visés, le Vody, mélange de vodka et de boisson énergisante, incarne à lui seul les dérives d'un secteur laissez-faire. Avec une teneur en alcool oscillant entre 18 et 22%, ce produit, commercialisé à 3,50 euros la canette, combine sucre, taurine et caféine pour masquer l'effet de l'alcool. Une recette diabolique qui favorise le binge-drinking, particulièrement chez les jeunes.
"Ce produit est un ovni !"
Laurent Muraro, coordinateur général de la fédération Entraid'Addict, alerte sur la dangerosité de ces produits prêts-à-consommer, qui facilitent l'accès à des mélanges autrement préparés de manière artisanale. Le Vody Challenge, défi viral ayant envoyé plusieurs consommateurs aux urgences, illustre parfaitement les risques encourus.
Un marketing agressif qui cible les jeunes
Les associations dénoncent depuis des années le marketing agressif de ces produits, dont l'emballage vitaminé et coloré rappelle davantage un soda qu'une boisson alcoolisée. Une stratégie commerciale qui séduit particulièrement les 16-25 ans, mais aussi les adultes, comme le souligne Claude Philomin, président de France Assos Santé Guadeloupe-Guyane.
La DGCCRF a d'ailleurs ouvert une enquête sur le Vody, pointant du doigt un étiquetage trompeur. La mention "Energy Drink" est en effet illégale pour un produit dépassant les 15% d'alcool, qui devrait être classé comme "boisson spiritueuse". Une nouvelle preuve de l'absence de contrôle effectif de ces produits sur le marché.
Une mesure tardive mais nécessaire
L'amendement adopté par les députés étend une taxe existante aux boissons contenant des substances stimulantes comme la caféine ou la taurine. Une mesure saluée par Thibault Bazin (LR), qui rappelle que ces produits représentent un vrai fléau contre la jeunesse.
La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a quant à elle adopté une position de neutralité, rappelant que l'alcool reste interdit aux mineurs. Une réponse insuffisante pour les associations, qui réclament des contrôles plus stricts et une meilleure régulation de ces produits.
Un enjeu de santé publique et de justice sociale
Cette décision intervient dans un contexte où les inégalités d'accès aux soins se creusent, particulièrement dans les DOM-TOM, où ces boissons connaissent un succès inquiétant. Les associations rappellent que ces produits, souvent consommés par des jeunes en situation précaire, aggravent les risques de dépendance et d'accidents.
Alors que le gouvernement Lecornu II s'engage dans une politique de santé publique plus volontariste, cette taxe pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les addictions. Reste à savoir si le Sénat, souvent réticent aux mesures progressistes, suivra cette initiative.
À propos de l'auteur
Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.
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