Gauche divisée : tensions entre PS et LFI sur le budget de la Sécurité sociale

Par Mathieu Robin 06/11/2025 à 18:50
Gauche divisée : tensions entre PS et LFI sur le budget de la Sécurité sociale
Photo par Doctor Tinieblas sur Unsplash

Tensions entre PS et LFI lors du vote sur un amendement fiscal, révélant des stratégies politiques divergentes et un climat de défiance persistante.

Un vote révélateur des fractures à gauche

Mercredi 5 novembre 2025, l'Assemblée nationale a été le théâtre d'une nouvelle démonstration des tensions persistantes entre le Parti Socialiste (PS) et La France Insoumise (LFI). À l'occasion de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, un amendement socialiste visant à augmenter la contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus du capital a été rejeté, principalement en raison du vote contre des députés insoumis.

Un bras d'honneur selon le PS

Les députés socialistes ont vivement réagi à ce rejet, qualifiant le vote de LFI de "bras d'honneur". Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne, a dénoncé sur les réseaux sociaux une attitude "illustrant ceux qui préfèrent tout tout de suite et qui au final n'ont rien".

"Le monde à l'envers, c'est quand les socialistes proposent de taxer davantage les revenus du capital pour mieux financer la Sécurité sociale et que les Insoumis votent contre."

LFI revendique une "victoire" stratégique

Du côté de LFI, le député Paul Vannier a revendiqué une "victoire", qualifiant l'amendement du PS de "magouille". Il a expliqué que les insoumis avaient voté contre pour défendre un autre amendement, jugé "mieux disant" car augmentant la CSG de manière pérenne.

"Nous faisons adopter un amendement mieux disant augmentant la CSG sur le capital de façon pérenne."

Des stratégies politiques divergentes

Cette opposition reflète des divergences stratégiques profondes entre les deux formations. Le PS cherche à obtenir des avancées concrètes en faisant pression sur le gouvernement, sans pour autant viser sa chute. À l'inverse, LFI privilégie une ligne intransigeante, refusant toute concession perçue comme un compromis avec le pouvoir en place.

Un collaborateur du groupe socialiste a souligné l'importance politique de l'amendement rejeté : "Politiquement, c'était important pour nous, car cela revenait à une remise en cause de la 'flat tax' d'Emmanuel Macron".

Un climat de tensions persistantes

Au-delà des débats parlementaires, les relations entre les deux partis se sont fortement dégradées. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a critiqué les accusations de LFI, tandis que Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a répliqué en évoquant "une injustice fiscale".

Les échanges en coulisses ne sont pas plus apaisés. Une élue socialiste a confié : "Ce n'est plus possible. Hier, j'ai déjeuné à la même table qu'une membre de la garde rapprochée de Jean-Luc Mélenchon qui attaque d'emblée sur les réseaux sociaux".

Un divorce politique en marche ?

Ces tensions interrogent sur l'avenir de la gauche française, notamment dans la perspective de la présidentielle de 2027. Le PS semble emprunter une voie plus modérée, tandis que LFI consolide son positionnement radical.

Un membre du gouvernement a analysé : "Chaque jour qui passe rend le retour en arrière plus compliqué pour eux".

Un épisode annonciateur de nouveaux affrontements

Cet épisode préfigure les débats à venir, notamment autour de l'article 45 bis qui prévoit la suspension de la réforme des retraites. La gauche pourrait une nouvelle fois y étaler publiquement ses divisions.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (7)

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H

HGW_304

il y a 1 mois

Tout ça pour ça... La gauche qui se tire dans les pattes, la droite qui fait semblant de s'en soucier, et nous, on regarde le spectacle. Bravo les politiques, vous êtes au top.

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TruthSeeker

il y a 1 mois

Franchement, entre le PS qui veut sauver les meubles et LFI qui veut tout casser, c'est le bordel. Et nous, on est là à subir leurs conneries. 😤

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Tangente

il y a 1 mois

Selon la Cour des comptes, les déséquilibres de la Sécu proviennent surtout de la hausse des dépenses de santé. Les débats politiques ne changent rien aux chiffres : il faut des réformes structurelles, pas des amendements symboliques.

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ACE 55

il y a 1 mois

@tangente Les chiffres, les chiffres... Pendant ce temps, les patrons s'en mettent plein les poches et les travailleurs trinquent. La Sécu, c'est notre fric, pas un jeu pour technocrates !

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max-490

il y a 1 mois

Lol les vieux partis qui se battent pour des clopinettes alors que nous, les jeunes, on galère pour se loger et bouffer. Wesh, vous pensez un peu à nous ??

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Geoffroy de Hyères

il y a 1 mois

@max-490 Tu as raison de souligner l'urgence sociale, mais il faut aussi reconnaître que les désaccords sur le budget de la Sécu relèvent de visions différentes, pas seulement d'égoïsme politique.

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Alexandrin

il y a 1 mois

Regardez ce qui se passe en Allemagne ou en Espagne : les gauches y parviennent à s'unir malgré leurs différences. La France a encore des progrès à faire en matière de pragmatisme politique.

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Sentinelle républicaine

il y a 1 mois

Encore une fois, la gauche se déchire sur des détails fiscaux. Pendant ce temps, les Français attendent des solutions concrètes pour la sécurité et l'économie. Pathétique.

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Quiberon

il y a 1 mois

@sentinelle-republicaine La Sécu n'est pas un détail fiscal, c'est le socle de notre protection sociale. Si vous voulez vraiment aider les Français, commencez par taxer les ultra-riches au lieu de critiquer les syndicats.

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Roscoff

il y a 1 mois

La gauche doit cesser ses divisions stériles ! Entre PS et LFI, c'est toujours la même histoire : des querelles d'ego au détriment des classes populaires. On a besoin d'unité pour défendre la Sécu, pas de calculs politicards !

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