Une icône aux engagements clivants
Brigitte Bardot, disparue à 91 ans, laisse derrière elle un héritage aussi brillant que controversé. Si son combat pour la protection animale a marqué des générations, ses prises de position politiques et ses propos discriminatoires ont régulièrement alimenté les polémiques.
Un héritage politique ambigu
Alors que Jordan Bardella et Marine Le Pen saluent « une ardente patriote » et une femme « libre, indomptable », l'actrice a entretenu des liens étroits avec l'extrême droite française. Son mariage en 1992 avec Bernard d'Ormale, rencontré chez Jean-Marie Le Pen, a marqué un tournant dans son engagement politique. Dans son autobiographie, elle décrivait le fondateur du Front national comme « un homme charmant, intelligent, révolté comme moi par certaines choses ».
Propos condamnés et condamnations judiciaires
Entre 1997 et 2008, Brigitte Bardot a été condamnée à plusieurs reprises pour des propos islamophobes. Ses critiques virulentes contre l'abattage rituel pendant l'Aïd, qu'elle qualifiait d'« invasion », lui ont valu des sanctions pénales. Dans son livre Un cri dans le silence (2003), elle dénonçait une « infiltration souterraine et dangereuse » des musulmans en France, des propos jugés incitant à la haine raciale.
« Depuis une vingtaine d'années, nous nous soumettons à une infiltration souterraine et dangereuse, non contrôlée, qui, non seulement ne se plie pas à nos lois et coutumes, mais encore, au fil des ans, tente de nous imposer les siennes. »
Ses attaques contre les homosexuels, les Réunionnais (« population de dégénérés ») et les clandestins lui ont également valu des condamnations. En 2021, elle était condamnée à 20 000 euros d'amende pour injures raciales.
Un soutien assumé à l'extrême droite
Brigitte Bardot n'a jamais caché son admiration pour Marine Le Pen, qu'elle a soutenue à plusieurs reprises, la qualifiant de « Jeanne d'Arc du XXIe siècle ». En 2012, elle appelait les maires à lui apporter leurs parrainages. Lors de la présidentielle de 2017, elle fustigeait Emmanuel Macron, affirmant : « Si Macron passe, les animaux trépassent ! ». En 2022, elle a brièvement soutenu Éric Zemmour avant de se tourner vers Nicolas Dupont-Aignan.
Une admiration ambiguë pour Poutine
Son admiration pour Vladimir Poutine, qu'elle décrivait comme un homme « d'humanité », a également suscité des interrogations. En 2013, elle menaçait même de prendre la nationalité russe pour sauver deux éléphantes, louant les actions du président russe en faveur de la cause animale.
La cause animale comme justification
Brigitte Bardot a toujours justifié ses prises de position politiques par son engagement pour les animaux. « J'ai eu un espoir insensé quand le Front national a fait des propositions concrètes pour réduire la souffrance animale », déclarait-elle. Pourtant, ses liens avec l'extrême droite et ses propos discriminatoires ont régulièrement éclipsé son militantisme.
Son héritage reste ainsi marqué par cette dualité : une icône du cinéma et de la protection animale, mais aussi une figure controversée dont les dérives politiques ont alimenté les débats jusqu'à sa mort.