Un vote serré pour un budget sous tension
L'Assemblée nationale a adopté mardi 2 décembre, par une majorité de 217 voix contre 213, le projet de loi de finances de fin de gestion (PLFG) pour 2025. Ce texte, négocié en commission mixte paritaire, ouvre la voie à son adoption définitive après le vote du Sénat prévu mercredi. Une victoire à la Pyrrhus pour le gouvernement, qui peine à rassembler autour d'une politique budgétaire jugée trop rigide.
Un budget sous le signe de l'austérité
Le PLFG, créé en 2021, permet d'ajuster les dépenses publiques en cours d'année. Cette fois, il prévoit la suppression de 4,2 milliards d'euros de crédits pilotables et de 6,1 milliards hors périmètre, dans l'objectif de limiter le déficit public à 5,4 % du PIB fin 2025. Une mesure saluée par la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, qui y voit un « jalon essentiel » pour respecter les engagements financiers.
« Ce projet de loi démontre que nous sommes capables de piloter la dépense avec vigilance et transparence », a-t-elle déclaré, évoquant les « dérapages politiquement ravageuses » des années précédentes.
Un texte largement amendé par le Sénat
Le compromis final porte clairement l'empreinte du Sénat, où la majorité de droite a imposé ses priorités. Les députés LFI et PCF ont dénoncé un « budget d'austérité » qui « aggrave les inégalités », tandis que Les Républicains ont critiqué un manque d'ambition pour la souveraineté industrielle française. La France insoumise a même évoqué un « désastre social » en préparation.
Un contexte politique explosif
Ce vote intervient dans un climat de tensions accrues entre la majorité présidentielle et l'opposition, alors que la crise des finances publiques s'aggrave. Les critiques portent aussi sur le manque de transparence dans la répartition des économies, avec des secteurs comme la santé et l'éducation menacés par des restrictions budgétaires.
Du côté de l'exécutif, on assure que ces mesures sont indispensables pour éviter un déficit encore plus élevé, tout en préparant les élections européennes de 2024. Mais les divisions au sein de la majorité, déjà fragilisée par les démissions récentes, pourraient s'accentuer avec ce budget controversé.
Un vote serré, symptôme d'un Parlement fracturé
L'étroitesse du résultat (217 contre 213) reflète les fractures politiques actuelles. La NUPES a voté contre, tandis que le Rassemblement National, absent du vote, a dénoncé un « budget de rigueur » qui « pénalise les Français ». À droite, certains LR ont voté pour, mais en dénonçant une « gestion désastreuse » des finances publiques.
Reste à savoir si le Sénat, où la droite domine, confirmera ce texte sans modifications. Une nouvelle bataille parlementaire s'annonce, alors que le gouvernement tente de rassembler une majorité fragile autour d'un budget perçu comme trop austère.