Un dialogue sous tension
La réunion de travail entre le Premier ministre Sébastien Lecornu et les présidents de région, organisée jeudi 6 novembre à Versailles, a révélé des divergences persistantes sur le traitement des collectivités territoriales. Dans un contexte de budget serré et de réformes controversées, les élus locaux ont exprimé leur mécontentement face à ce qu'ils perçoivent comme une marginalisation de leur rôle.
Les régions se sentent « niées »
Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France, n’a pas mâché ses mots face à Sébastien Lecornu : «
Je ne comprends pas pourquoi vous ne nous calculez pas…», a-t-elle lancé, illustrant le ras-le-bol des régions. « On a le sentiment que l’on gêne. Si on était préfet de région, on serait mieux traité », a-t-elle ajouté, sous les applaudissements de certains participants.
Cette critique fait écho aux tensions récurrentes entre l’exécutif et les collectivités, notamment sous la présidence d’Emmanuel Macron, où les réformes centralisatrices ont souvent été perçues comme un dépouillement des pouvoirs locaux.
Une méthode « horizontale » qui ne convainc pas
Contrairement à ses prédécesseurs, Sébastien Lecornu a opté pour une approche collégiale, évitant le « grand discours vertical » pour privilégier un échange de deux heures et quart. « Jusqu’ici, on avait des premiers ministres qui venaient faire un show. Lui nous propose une vraie réunion de travail », a salué Franck Leroy, président divers droite du Grand-Est, qualifiant Lecornu d’« homme de dialogue ».
Pourtant, malgré ces efforts, les régions estiment que les concessions restent insuffisantes. Les restrictions budgétaires et les décisions unilatérales de l’État continuent de susciter des frustrations, notamment dans les territoires les plus fragiles.
Un contexte politique tendu
Cette réunion s’inscrit dans un climat politique national marqué par des divisions à gauche et des critiques croissantes contre la majorité présidentielle. Les régions, souvent dirigées par l’opposition, servent de laboratoire d’alternance, où les politiques locales contrastent avec celles du gouvernement.
Alors que Sébastien Lecornu tente de réconcilier l’exécutif avec les territoires, la question de l’autonomie régionale reste un sujet sensible, susceptible de refléter les fractures politiques du pays.