Un automne budgétaire sous haute tension
Alors que le gouvernement Lecornu II s'apprête à défendre son projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, les débats parlementaires s'annoncent particulièrement animés. Entre impôts controversés, réformes sociales et enjeux politiques, les oppositions de gauche comme de droite entendent bien marquer leur territoire.
Un calendrier serré et des enjeux majeurs
Les députés et sénateurs ont jusqu'au 12 décembre pour adopter le PLFSS et jusqu'au 23 décembre pour le PLF. Un délai contraint qui pourrait pousser le gouvernement à recourir à des ordonnances, comme le prévoit la Constitution en cas d'échec des négociations parlementaires.
Cette année, le Premier ministre Sébastien Lecornu a d'ores et déjà exclu l'usage de l'article 49.3, une promesse qui pourrait se révéler fragile face à l'opposition déterminée des groupes parlementaires.
Les recettes du budget : entre justice fiscale et mesures impopulaires
L'examen des recettes du PLF a été marqué par des décisions fortes : adoption d'un impôt sur la fortune improductive et sur les multinationales, mais rejet de la taxe Zucman et du gel du barème de l'impôt sur le revenu. Ces mesures, saluées par la gauche, ont suscité l'ire des députés de droite, qui dénoncent une politique de confiscation.
Du côté du PLFSS, les sénateurs ont adopté une hausse de la CSG sur les revenus du capital, une mesure jugée historique par les syndicats, mais critiquée par les libéraux. La baisse des cotisations patronales sur les heures supplémentaires, quant à elle, a été accueillie avec scepticisme par les économistes, qui y voient un coup de pouce symbolique aux entreprises.
Les dépenses : un équilibre fragile
L'examen des dépenses a été interrompu à minuit le 12 novembre, sans vote solennel sur l'intégralité du PLFSS. Une décision contestée par l'opposition, qui y voit une manœuvre politique pour éviter un débat de fond. Parmi les mesures adoptées, l'article 45 bis, suspendant la réforme des retraites, a été salué par les syndicats.
Les sénateurs, qui examinent désormais le texte, devraient proposer des amendements divergents, obligeant à une commission mixte paritaire pour trouver un compromis. Un exercice délicat, alors que les délais constitutionnels se resserrent.
Un budget sous influence européenne
Dans un contexte de crise des finances publiques, le gouvernement se défend de céder aux pressions de Bruxelles, tout en intégrant des mesures conformes aux directives européennes. Une posture qui pourrait se révéler difficile à tenir face à une opposition de plus en plus critique.
Alors que la France fait face à des défis économiques majeurs, ce budget 2026 s'annonce comme un test pour la majorité présidentielle, à moins d'un an des élections européennes.