Un bilan en demi-teinte pour une réforme controversée
Deux ans et demi après son entrée en vigueur, la réforme de l’assurance-chômage de 2023, portée par l’ancien ministre du Travail Olivier Dussopt, fait l’objet d’un premier bilan mitigé. Alors que le gouvernement Macron-Lecornu promettait une « première étape » vers le plein-emploi, les chiffres actuels démentent ces ambitions : le taux de chômage stagne à 7,7 %, loin des 5 % affichés comme objectif.
La contracyclicité, un principe théorique aux effets limités
Instaurée pour répondre aux promesses d’Emmanuel Macron lors de la campagne de 2022, la réforme reposait sur le principe de contracyclicité : rendre l’indemnisation plus stricte en période de croissance et plus généreuse en cas de crise. Concrètement, la durée d’indemnisation a été réduite de 25 % (avec un minimum de six mois) dès lors que le chômage descend sous la barre des 9 %.
Pour les moins de 55 ans, la durée maximale des droits a été plafonnée à 18 mois, une mesure qui a suscité de vives critiques de la part des syndicats et de l’opposition de gauche.
« Cette réforme pénalise les travailleurs précaires et fragilise les plus vulnérables »,dénonçait alors la CFDT, rejointe par la CGT et FO.
Un marché du travail toujours en difficulté
Malgré ces ajustements, le marché du travail français peine à se redresser. Les secteurs en tension, comme l’agriculture ou la santé, souffrent toujours de pénuries de main-d’œuvre, tandis que les jeunes diplômés accumulent les contrats courts. Le Monde révélait récemment que près de 40 % des moins de 30 ans ont connu au moins une période de chômage en 2025.
Du côté des entreprises, les critiques portent sur l’insuffisance des mesures d’accompagnement. « On nous demande de recruter, mais on nous retire les outils pour stabiliser les emplois », déplorait un représentant du Medef lors d’une audition parlementaire en novembre.
La gauche dénonce une réforme « idéologique »
Pour les partis de gauche, cette réforme s’inscrit dans une logique d’austérité sociale. Jean-Luc Mélenchon a qualifié la mesure de « coup de massue » contre les travailleurs, tandis que Olivier Faure (PS) a pointé du doigt « l’hypocrisie d’un gouvernement qui parle de plein-emploi tout en réduisant les droits ».
Du côté du Rassemblement National, la critique est plus nuancée : si Marine Le Pen a dénoncé « une réforme injuste », certains cadres du parti y voient une opportunité pour proposer un modèle alternatif, inspiré des systèmes scandinaves.
Et maintenant ?
Alors que le gouvernement Lecornu II prépare les échéances de 2027, la question de l’assurance-chômage reste un sujet sensible. Laurent Berger (CFDT) a appelé à une « grande conférence sociale » pour repenser le modèle, tandis que le Medef réclame des allègements de charges pour les PME.
Dans ce contexte, l’Unédic, organisme paritaire chargé de gérer le régime, se retrouve au cœur d’un débat qui dépasse largement le cadre technique. « Cette réforme a révélé les fractures d’un système qui ne répond plus aux réalités du marché du travail », résume un expert du Conseil d’orientation des retraites.