Assurance-chômage : la réforme de 2023, un échec cuisant pour Macron et Lecornu ?

Par Anadiplose 18/12/2025 à 18:24
Assurance-chômage : la réforme de 2023, un échec cuisant pour Macron et Lecornu ?

La réforme de l’assurance-chômage de 2023, promettant le plein-emploi, affiche un bilan mitigé avec un chômage à 7,7 %. Critiquée à gauche, elle divise sur son efficacité.

Un bilan en demi-teinte pour une réforme controversée

Deux ans et demi après son entrée en vigueur, la réforme de l’assurance-chômage de 2023, portée par l’ancien ministre du Travail Olivier Dussopt, fait l’objet d’un premier bilan mitigé. Alors que le gouvernement Macron-Lecornu promettait une « première étape » vers le plein-emploi, les chiffres actuels démentent ces ambitions : le taux de chômage stagne à 7,7 %, loin des 5 % affichés comme objectif.

La contracyclicité, un principe théorique aux effets limités

Instaurée pour répondre aux promesses d’Emmanuel Macron lors de la campagne de 2022, la réforme reposait sur le principe de contracyclicité : rendre l’indemnisation plus stricte en période de croissance et plus généreuse en cas de crise. Concrètement, la durée d’indemnisation a été réduite de 25 % (avec un minimum de six mois) dès lors que le chômage descend sous la barre des 9 %.

Pour les moins de 55 ans, la durée maximale des droits a été plafonnée à 18 mois, une mesure qui a suscité de vives critiques de la part des syndicats et de l’opposition de gauche.

« Cette réforme pénalise les travailleurs précaires et fragilise les plus vulnérables »,
dénonçait alors la CFDT, rejointe par la CGT et FO.

Un marché du travail toujours en difficulté

Malgré ces ajustements, le marché du travail français peine à se redresser. Les secteurs en tension, comme l’agriculture ou la santé, souffrent toujours de pénuries de main-d’œuvre, tandis que les jeunes diplômés accumulent les contrats courts. Le Monde révélait récemment que près de 40 % des moins de 30 ans ont connu au moins une période de chômage en 2025.

Du côté des entreprises, les critiques portent sur l’insuffisance des mesures d’accompagnement. « On nous demande de recruter, mais on nous retire les outils pour stabiliser les emplois », déplorait un représentant du Medef lors d’une audition parlementaire en novembre.

La gauche dénonce une réforme « idéologique »

Pour les partis de gauche, cette réforme s’inscrit dans une logique d’austérité sociale. Jean-Luc Mélenchon a qualifié la mesure de « coup de massue » contre les travailleurs, tandis que Olivier Faure (PS) a pointé du doigt « l’hypocrisie d’un gouvernement qui parle de plein-emploi tout en réduisant les droits ».

Du côté du Rassemblement National, la critique est plus nuancée : si Marine Le Pen a dénoncé « une réforme injuste », certains cadres du parti y voient une opportunité pour proposer un modèle alternatif, inspiré des systèmes scandinaves.

Et maintenant ?

Alors que le gouvernement Lecornu II prépare les échéances de 2027, la question de l’assurance-chômage reste un sujet sensible. Laurent Berger (CFDT) a appelé à une « grande conférence sociale » pour repenser le modèle, tandis que le Medef réclame des allègements de charges pour les PME.

Dans ce contexte, l’Unédic, organisme paritaire chargé de gérer le régime, se retrouve au cœur d’un débat qui dépasse largement le cadre technique. « Cette réforme a révélé les fractures d’un système qui ne répond plus aux réalités du marché du travail », résume un expert du Conseil d’orientation des retraites.

À propos de l'auteur

A

J'en ai assez du journalisme tiède qui ménage la chèvre et le chou. Pendant des années, j'ai regardé mes confrères s'autocensurer par peur de déplaire aux annonceurs ou aux politiques. J'ai décidé d'écrire ce que je pense vraiment, sans filtre. La concentration des médias aux mains de quelques milliardaires me révolte. La précarisation de ma profession me met en colère. Mais c'est précisément cette colère qui me pousse à continuer. Chaque article est un acte de résistance contre la pensée unique

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Commentaires (4)

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H

Hugo83

il y a 10 heures

La réforme n'est pas parfaite, mais le chômage baisse depuis 2023. Faut arrêter de tout diaboliser. L'objectif était ambitieux, mais les résultats sont là, même s'ils sont mitigés.

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N

NightReader93

il y a 11 heures

7,7%, c'est toujours trop ! Les syndicats l'avaient dit : cette réforme pénalise les précaires. Macron continue à favoriser les actionnaires au détriment des travailleurs. Scandaleux !

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Elizondo

il y a 9 heures

@nightreader93 Les syndicats défendent leurs privilèges, pas les travailleurs. La réforme encourage l'emploi stable, c'est une bonne chose. Les assistés devraient se bouger un peu !

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DigitalAge

il y a 12 heures

La réforme a des défauts, mais comparer avec l'Allemagne montre qu'on peut faire mieux. Le plein-emploi ne se décrète pas, il faut investir dans la formation et l'innovation.

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P

Patrick du 67

il y a 13 heures

Macron et Lecornu nous prennent pour des pigeons ! 7,7% de chômage, c'est un échec total. Ils font des réformes pour les patrons, pas pour les gens. Les élites s'en foutent de notre précarité !

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J

julien-sorel-3

il y a 11 heures

@patrick-du-67 Franchement, t'es trop en mode 'tout est pourri'. Y'a des trucs qui marchent, mais faut pas tout mélanger. La réforme a des côtés positifs pour les jeunes en CDI.

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