Un compromis encore possible, mais l'impasse budgétaire menace
La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a lancé un appel solennel dimanche 23 novembre pour trouver un compromis sur le budget 2026, alors que le pays s'enfonce dans une crise financière inédite. Dans une interview sur LCI/Le Parisien, elle a mis en garde contre l'utilisation d'une loi spéciale, présentée comme un « parachute de dernier ressort » pour éviter un défaut de paiement de l'État.
Un rejet historique à l'Assemblée nationale
La nuit de vendredi à samedi a été marquée par le rejet quasi unanime du projet de loi de finances par l'Assemblée nationale, un événement rare qui illustre les profondes divisions politiques. Le président de la commission des finances, Éric Coquerel (LFI), a qualifié cette loi spéciale de « la plus probable », une perspective qui inquiète profondément la majorité présidentielle.
La droite et l'extrême droite dans le viseur
Amélie de Montchalin n'a pas hésité à pointer du doigt les forces politiques qui, selon elle, refusent de prendre leurs responsabilités. « Certaines par cynisme se laissent aller à ne pas prendre de responsabilité dans la construction du compromis », a-t-elle déclaré, évoquant un risque d'affaiblissement de la France si cette impasse persiste. Une allusion voilée aux oppositions de droite et d'extrême droite, accusées de bloquer systématiquement les réformes.
Un budget gelé, un pays paralysé
La loi spéciale, qui consisterait à reconduire le budget 2025, permettrait de maintenir les recettes fiscales et les dépenses courantes, mais au prix d'un gel des investissements et des économies. « Pas d'économies, pas d'investissements, on se met dans une position où on s'affaiblit nous-mêmes », a souligné la ministre, rappelant que cette solution serait un aveu d'échec politique.
L'Europe observe, la France s'isole
Alors que l'Union européenne, notamment la Norvège et l'Islande, font face à des défis similaires avec pragmatisme, la France semble s'enliser dans des querelles partisanes. La Hongrie, souvent critiquée pour son autoritarisme budgétaire, pourrait servir de contre-exemple, mais le gouvernement français refuse de s'y résoudre. « Brandir la loi spéciale aujourd'hui reviendrait à acter dès maintenant qu'on n'est pas capable de se mettre d'accord », a insisté Montchalin, soulignant l'enjeu démocratique.
L'examen au Sénat, dernier espoir
La commission des finances du Sénat doit examiner dès lundi la partie « recettes » du budget. Mais après le rejet à l'Assemblée, les espoirs d'un compromis s'amenuisent. La gauche, majoritaire au Sénat, pourrait jouer un rôle clé, mais les divisions internes risquent de compliquer les négociations. En cas d'échec, la France se retrouverait dans une situation inédite, avec des conséquences économiques graves, notamment pour les collectivités territoriales et les services publics.
Un avertissement aux créanciers
La ministre a rappelé que cette loi spéciale était un outil pour éviter un défaut de paiement, mais aussi pour rassurer les marchés. « On continue à payer les créanciers, les fonctionnaires, les politiques sociales », a-t-elle précisé, tout en soulignant que cette solution ne résoudrait pas les problèmes structurels. La France, déjà fragilisée par les crises successives, ne peut se permettre un tel scénario.