Un budget bloqué, une gauche exaspérée
« On nage dans le potage, dans un jour sans fin. » La formule du député socialiste de l’Essonne résume l’impasse dans laquelle se trouve le projet de loi de finances pour 2026, après l’échec de la commission mixte paritaire vendredi 19 décembre. Alors que le gouvernement envisage une loi spéciale pour assurer la continuité budgétaire, les tensions au sein de la majorité plurielle atteignent un nouveau sommet.
Le PS en première ligne, mais jusqu’où ?
Le Parti socialiste, habitué à jouer les médiateurs, commence à montrer des signes d’agacement. « On a accepté de ne pas être à Matignon, on a accepté de voter des textes qui ne reflètent pas nos valeurs, mais on n’obtient rien en retour », déplore un proche de Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée. Les socialistes dénoncent notamment le refus des partis de droite, y compris Horizons, officiellement alliés du gouvernement, de trouver un compromis.
« On a poussé jusqu’au bout le rôle de l’opposition responsable, pour être utile, et ce serait à nous, en plus, de trouver une solution au blocage entre le “socle commun” et la droite ? »
Une majorité en lambeaux
Le gouvernement Lecornu II, déjà fragilisé par les divisions internes, voit son projet budgétaire menacé par l’intransigeance des Républicains et d’Horizons. « Ils refusent tout compromis, alors qu’ils soutiennent officiellement le gouvernement », souligne un député socialiste. Cette stratégie d’obstruction pourrait bien précipiter une crise politique majeure, alors que la France fait face à des défis économiques et sociaux croissants.
L’ombre de 2027
Alors que l’échéance présidentielle approche, cette crise budgétaire pourrait bien rebattre les cartes. Les socialistes, déjà en position délicate, pourraient être tentés de rompre avec leur rôle d’opposition constructive, au risque de fragiliser davantage la majorité. De leur côté, les écologistes, tout aussi mécontents, pourraient durcir leur position, laissant le gouvernement isolé face à une droite toujours plus intransigeante.
Dans ce contexte, la question se pose : jusqu’où ira la patience de la gauche ? Et surtout, qui paiera le prix de cette impasse budgétaire ?