Un contre-la-montre budgétaire sous haute tension
Alors que l’horloge politique tourne à toute allure, le gouvernement Lecornu se retrouve pris dans un étau budgétaire. Les deux lois de finances – le PLF (Projet de Loi de Finances) et le PLFSS (Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale) – doivent être promulguées avant le 31 décembre 2025, sous peine de désordre institutionnel. À moins de quarante jours de l’échéance, les députés et sénateurs peinent à trouver un consensus, tandis que l’exécutif refuse d’utiliser l’article 49.3, symbole d’un pouvoir autoritaire.
Un dépôt tardif et des débats laborieux
Le gouvernement a déposé ses projets de loi le 14 octobre, bien après les délais habituels. Cette procrastination, couplée à la lenteur des débats parlementaires, fait craindre un blocage. Si le calendrier n’est pas respecté, la France pourrait se retrouver sans budget en 2026, une situation inédite depuis des décennies. Dans ce cas, le gouvernement devrait recourir à des mesures d’urgence, comme une « loi de finances spéciale » ou des ordonnances, des outils perçus comme des contournements démocratiques.
La gauche exige des comptes, la droite accuse le gouvernement
Les partis d’opposition, en particulier la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES), dénoncent une gestion désordonnée des finances publiques.
« Le gouvernement joue avec le feu en laissant traîner les débats jusqu’à la dernière minute. C’est une preuve de son incapacité à assumer ses responsabilités »,a déclaré un élu écologiste sous couvert d’anonymat. À droite, les critiques sont tout aussi virulentes :
« Ce retard est le résultat d’un exécutif qui refuse de prendre des décisions courageuses, préférant reporter les réformes nécessaires »,a réagi un député Les Républicains.
Un risque pour la stabilité économique
Cette crise budgétaire intervient dans un contexte de crise des finances publiques, aggravée par les dépenses liées à la guerre en Ukraine et aux tensions sociales. Les marchés financiers observent avec inquiétude la situation, craignant des déséquilibres budgétaires à moyen terme. L’Union européenne, pourtant habituellement clémente, pourrait exiger des comptes, notamment sur le respect du pacte de stabilité.
Et si le budget n’était pas adopté ?
En cas d’échec, le gouvernement pourrait être contraint d’appliquer un budget provisoire, gelant les dépenses et les réformes prévues. Une perspective qui inquiète les syndicats et les associations, déjà en première ligne face aux restrictions budgétaires. Certains observateurs y voient un aveu d’impuissance politique, alors que la France doit faire face à des défis majeurs, comme la transition écologique et la réforme des retraites.