Budget 2026 : le Sénat bloque la surtaxe des géants du CAC 40, un coup dur pour Macron

Par Mathieu Robin 29/11/2025 à 13:12
Budget 2026 : le Sénat bloque la surtaxe des géants du CAC 40, un coup dur pour Macron

Le Sénat rejette la surtaxe des grandes entreprises, privant le gouvernement de 4 milliards d'euros. Un vote qui relance les tensions entre les deux chambres.

Un rejet symbolique qui divise la majorité

Le Sénat a définitivement enterré, ce samedi 29 novembre, la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, l’une des mesures phares du gouvernement pour 2026. Un vote à 202 voix contre 118, porté par une alliance droite-centristes, qui prive l’exécutif de 4 milliards d’euros de recettes. Une décision qui s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre les deux chambres.

Un dispositif contesté dès son origine

Instaurée en 2025 avec un rendement prévu de 8 milliards d’euros, cette contribution exceptionnelle sur l’impôt sur les sociétés (IS) devait être reconduite en 2026, mais à moitié. Les sénateurs, majoritairement issus de la droite et du centre, ont jugé cette mesure injuste et contre-productive.

"Il est incompréhensible que le gouvernement choisisse cette facilité de taxer les entreprises plutôt que de réduire les dépenses", a dénoncé Jean-François Husson (LR), rapporteur général du budget.

Une position qui contraste avec celle de l’Assemblée nationale, où les députés avaient non seulement validé le dispositif, mais l’avaient même renforcé via un amendement gouvernemental, portant son rendement à 6 milliards d’euros. Une cohérence budgétaire qui s’est envolée après le rejet global du projet de loi de finances par les députés.

La gauche dénonce une « surenchère » de la droite

Du côté de l’opposition, les critiques fusent. Pour Grégory Blanc (Place publique), ce vote est la preuve d’une volonté d’instabilité : "Supprimer cet article, c’est la démonstration qu’il y a la volonté de ne pas avoir de compromis, de ne pas avoir de budget et d’avoir de l’instabilité dans le pays." Le socialiste Thierry Cozic a quant à lui pointé du doigt une dérive idéologique : "La droite s’adonne à une surenchère pour donner des gages à son électorat."

Un gouvernement en défense

Face à cette fronde, le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a tenté de justifier la mesure : "Aller surtaxer des entreprises qui vont plutôt bien semble plus favorable qu’aller chercher des impôts tapant directement sur les classes moyennes." Une argumentation qui n’a pas convaincu les sénateurs, qui ont préféré adopter un autre dispositif taxant les rachats d’actions par les grandes entreprises. Une mesure jugée inopérante par Amélie de Montchalin, ministre de l’Action et des Comptes publics.

Un budget 2026 sous haute tension

Ce rejet s’inscrit dans un contexte budgétaire déjà tendu, marqué par des divergences profondes entre les deux chambres. Alors que le gouvernement tente de trouver des compromis, la droite sénatoriale promet de compenser cette perte de recettes par des baisses de dépenses. Une promesse qui pourrait bien relancer le débat sur la rigueur budgétaire à l’approche des élections de 2027.

Un symbole de la crise des vocations politiques

Au-delà des enjeux financiers, ce vote illustre aussi les difficultés croissantes du pouvoir exécutif à faire passer ses réformes. Dans un climat politique de plus en plus polarisé, cette opposition frontale entre le Sénat et l’Assemblée nationale pourrait bien alimenter les critiques sur l’incapacité des partis traditionnels à proposer des solutions durables.

À propos de l'auteur

Mathieu Robin

Cofondateur de politique-france.info, je vous présente l'actualité politique grâce à mon expertise sur les relations France-Europe.

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Commentaires (4)

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Augustin Bocage

il y a 1 semaine

En Allemagne, les grandes entreprises paient leur juste part. Pourquoi la France a-t-elle tant de mal à faire de même ?

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Anamnèse

il y a 1 semaine

@augustin-bocage C'est vrai, mais il faut aussi éviter de tuer l'investissement. Un juste milieu est possible, non ?

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Kerlouan

il y a 1 semaine

4 milliards, c'est le budget de la jeunesse qui part en fumée. Pendant ce temps, les jeunes galèrent pour se loger... La génération sacrifiée, comme d'hab !

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Solstice

il y a 1 semaine

Encore une preuve que les riches paient trop peu d'impôts. 4 milliards, c'est l'équivalent de 1000 écoles ou hôpitaux. La gauche doit se battre pour la justice fiscale !

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Lucie-43

il y a 1 semaine

@solstice La surtaxe, c'est toujours plus de taxes qui étouffent les entreprises. Le Sénat a raison de protéger notre économie !

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Tmèse

il y a 1 semaine

4 milliards en moins pour les services publics, mais les actionnaires du CAC 40 se frottent les mains. Le Sénat, chambre des privilégiés, protège encore les copains !

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