Un budget sous tension
La semaine s'annonce cruciale pour le projet de loi de finances 2026. Le Sénat a adopté sa version du budget lundi 15 décembre, marquant une rupture nette avec les propositions initiales du gouvernement Lecornu II. Une majorité de droite et du centre a imposé ses priorités, privilégiant les baisses de dépenses aux hausses d'impôts, malgré les critiques de l'opposition.
Un texte largement remanié
Voté par 187 voix contre 109, le budget sénatorial s'éloigne radicalement de la copie gouvernementale. La porte-parole Maud Bregeon a qualifié cette semaine de « la plus compliquée » depuis le début des débats, un constat partagé par les observateurs politiques.
La CMP, terrain de bataille
Les regards se tournent désormais vers la commission mixte paritaire (CMP) prévue vendredi 19 décembre, qui pourrait se prolonger jusqu'au samedi 20. Sept députés et sept sénateurs devront trouver un compromis, une mission rendue ardue par les divergences profondes entre les deux chambres.
Le Sénat assume son virage à droite
La majorité sénatoriale, portée par Les Républicains, a fait le choix d'une rigueur budgétaire assumée.
« Ne pensons pas que notre incapacité à réformer trouvera sa solution dans une hausse infinie des recettes »,a déclaré la sénatrice Christine Lavarde (LR), critiquant un projet gouvernemental « ni responsable ni digne de confiance ».
Des mesures clivantes
Parmi les mesures phares rejetées par le Sénat : la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, qui devait rapporter 4 milliards d'euros, et l'affaiblissement de la taxe sur le patrimoine financier des holdings. Le Sénat a aussi transformé l'impôt sur la fortune immobilière en « impôt sur la fortune improductive », réduisant les recettes de 600 millions d'euros.
Côté dépenses, la majorité sénatoriale mise sur le regroupement de structures publiques et la réduction de la masse salariale, avec des mesures comme le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ou l'augmentation des jours de carence pour les arrêts maladie.
Un bras de fer politique
Cette opposition frontale entre le Sénat et le gouvernement illustre les tensions persistantes au sein de la majorité présidentielle, alors que l'exécutif peine à imposer sa vision économique. La gauche dénonce une politique d'austérité qui pénaliserait les plus fragiles, tandis que l'extrême droite accuse le gouvernement de faiblesse face aux « élites ».
Un enjeu européen
Alors que la France doit respecter les règles budgétaires européennes, ce budget pourrait alimenter les débats sur la souveraineté économique et les relations avec Bruxelles. L'Union européenne, souvent critiquée par la droite sénatoriale, observe avec attention ces négociations, cruciales pour la crédibilité financière du pays.