Une réunion de la dernière chance sous haute tension
Vendredi 19 décembre 2025, les espoirs d'un compromis sur le budget 2026 s'amenuisent. Sept sénateurs et sept députés se retrouvent en commission mixte paritaire (CMP) pour tenter de concilier des positions irréconciliables. À moins d'un miracle, le projet de loi de finances (PLF) pourrait être rejeté, plongeant le pays dans une crise budgétaire inédite à quelques jours de la fin de l'année.
Des clivages politiques profonds
Les discussions s'annoncent extrêmement tendues, comme en témoignent les déclarations du premier ministre Sébastien Lecornu.
"Le vote d'un budget est plus politique, et les positions de l'Assemblée nationale et du Sénat sont – à ce stade – très éloignées",a-t-il confié sur les réseaux sociaux. Une désynchronisation qui reflète les fractures d'un pays divisé.
La gauche, majoritaire à l'Assemblée nationale, exige des investissements massifs dans les services publics et la transition écologique, tandis que le Sénat, dominé par la droite et l'extrême droite, bloque toute hausse des dépenses. "On ne peut pas financer des utopies au détriment de la stabilité économique", a déclaré un sénateur LR sous couvert d'anonymat.
Un contexte politique explosif
Cette crise budgétaire intervient dans un contexte déjà marqué par la guerre des droites, où les divisions au sein de la majorité présidentielle fragilisent le gouvernement Lecornu II. Emmanuel Macron, dont la popularité est en berne, voit son autorité remise en question.
Du côté de l'opposition, les partis de gauche dénoncent une stratégie d'obstruction de la part du Sénat.
"Ils préfèrent sacrifier l'avenir du pays plutôt que de céder un pouce de terrain", a tweeté un député LFI. La situation rappelle les blocages répétés sous la Ve République, où l'antagonisme entre les deux chambres paralyse les réformes.
Les risques d'une impasse
Si aucun accord n'est trouvé d'ici mardi 23 décembre, le budget 2026 sera voté par l'Assemblée nationale en dernière lecture, sans le concours du Sénat. Une situation inédite qui pourrait déclencher une crise institutionnelle et alimenter les critiques sur le fonctionnement des institutions.
Les marchés financiers surveillent de près cette échéance, craignant des retombées sur la dette publique française. "Une telle impasse serait un signal négatif pour les investisseurs", avertit un analyste de la Banque de France.
Un enjeu européen
Au-delà des frontières, l'Union européenne observe avec inquiétude. Bruxelles rappelle que la France doit respecter ses engagements budgétaires, sous peine de sanctions. "La crédibilité de la France est en jeu", a souligné un porte-parole de la Commission.
Dans ce contexte, la Norvège, l'Islande et le Canada, alliés traditionnels de la France, ont exprimé leur préoccupation. "La stabilité économique française est essentielle pour l'équilibre de l'Europe", a déclaré un diplomate norvégien.
Un budget sous tension
Le projet de loi de finances 2026 prévoit des mesures controversées, notamment une réforme des retraites et des coupes dans les aides sociales. La gauche dénonce un budget antisocial, tandis que la droite y voit une nécessité pour redresser les comptes.
Les syndicats, déjà mobilisés contre la réforme des retraites, menacent de nouvelles manifestations si le budget est adopté en l'état.
"Nous ne laisserons pas le gouvernement sacrifier les travailleurs", a déclaré un représentant de la CGT.
Alors que les heures sont comptées, le gouvernement tente de rassurer. "Nous ferons tout pour éviter une crise", a affirmé Sébastien Lecornu. Mais dans un climat aussi polarisé, les chances d'un compromis semblent des plus minces.