Budget 2026 : l'impasse politique face à l'urgence sociale et fiscale
Le budget 2026 s'enlise à l'Assemblée, révélant les fractures politiques et l'urgence sociale et fiscale.
Un budget bloqué par les divisions politiques
Alors que l'échéance du 23 novembre approche, les négociations autour du budget 2026 s'enlisent à l'Assemblée nationale. Après huit jours de débats tendus, la partie recettes ne pourra probablement pas être votée comme prévu, révélant les profondes fractures politiques qui minent le pays.
L'héritage, un débat de société escamoté
Lundi 3 novembre, les députés ont une nouvelle fois illustré les clivages persistants, notamment sur la question de l'héritage. Aurélien Le Coq (LFI), député du Nord, a rappelé avec force que « dans la France d'aujourd'hui, ce n'est pas le travail qui fait la fortune », soulignant que sept des neuf nouveaux milliardaires de 2024 sont des héritiers. Une réalité qui interpelle sur la justice fiscale et la concentration des richesses.
« Dans la France que nous connaissons aujourd'hui, ce n'est pas le travail qui fait la fortune. Parmi les neuf personnes qui sont devenues milliardaires en 2024, sept sont des super-héritiers. »
— Aurélien Le Coq (LFI)
Face à cette critique, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a tenté de minimiser le débat, proposant de ne pas s'y engager « en quelques heures ». Une réponse qui traduit l'inertie du gouvernement face aux enjeux de justice sociale.
Un déjeuner raté et des alliances improbables
Le gouvernement a tenté de désamorcer les tensions en organisant un déjeuner entre les groupes politiques. Une initiative qui a tourné à l'échec : la gauche a boycotté la rencontre en raison de la présence du Rassemblement National, dénonçant une « hypocrisie » face à l'extrémisme. Philippe Brun (PS) a fustigé cette « complicité » : « On ne peut pas, d'un côté, dire tous les jours que le racisme est un danger pour la République et, dans le même temps, s'échanger des bouteilles de vin. »
Du côté du RN, le député Matthias Renault a également exprimé son scepticisme, estimant que « clairement, on n'y arrivera pas » à voter le budget dans les délais. Une perspective qui ouvre la voie à des mesures d'urgence, comme les ordonnances, au détriment du débat démocratique.
La Sécurité sociale en danger : un déficit insoutenable
Alors que les débats s'enlisent, la Cour des comptes tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme. Pierre Moscovici, son président, alerte sur un déficit de la Sécurité sociale doublé en deux ans, atteignant désormais 23 milliards d'euros. Une situation « préoccupante », selon lui, qui exige des mesures fortes et rapides.
« La situation est assez préoccupante puisque le déficit de la sécurité sociale s'établit à 23 milliards d'euros et a donc doublé depuis deux ans, avec 7,7 milliards d'euros d'augmentation cette année. Il faut agir et agir fort et vite. »
— Pierre Moscovici (Cour des comptes)
Pourtant, plusieurs économies prévues par le gouvernement, comme les franchises médicales, pourraient être abandonnées sous la pression des oppositions. Un recul qui illustre les difficultés à concilier rigueur budgétaire et protection sociale.
Plus de 2 000 amendements en suspens
Alors que l'Assemblée doit encore examiner plus de 2 000 amendements, la discussion du PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale) est prévue pour mardi 4 novembre. Un calendrier serré qui laisse peu de place aux compromis, alors que les tensions politiques s'intensifient.
Dans ce contexte, la question se pose : le gouvernement parviendra-t-il à faire adopter un budget équilibré, ou faudra-t-il recourir à des mesures exceptionnelles, au risque de contourner le débat parlementaire ? Une chose est sûre : l'impasse actuelle reflète les divisions profondes d'une France où les inégalités et l'extrémisme menacent la cohésion nationale.
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