Un budget sous tension
Le vote du budget 2026 s'annonce comme un test crucial pour le gouvernement Lecornu II. Alors que les discussions entrent dans leur phase finale, les tensions au sein de la majorité se font plus vives. Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a reconnu ce vendredi matin dans une émission politique que "ce n'est pas le budget rêvé", tout en appelant à l'union face à une opposition parlementaire fragmentée.
Darmanin défend le compromis, Philippe reste sceptique
Le ministre a admis comprendre les réserves de son "ami" Édouard Philippe, président du parti Horizons, qui menace de faire voter ses députés contre le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS).
"On peut comprendre qu'Édouard Philippe se pose des questions avec ses députés",a concédé Darmanin, tout en assurant que "il trouvera un compromis".
Cette divergence illustre les fractures au sein de la majorité présidentielle, où les ambitions personnelles semblent parfois primer sur l'intérêt général. Darmanin a toutefois salué le "courage" du Premier ministre Sébastien Lecornu, qui tente de maintenir une fragile stabilité politique dans un contexte de "situation très difficile".
La menace d'un rejet du budget
Le vote de la partie recettes du PLFSS, prévu ce vendredi, pourrait être rejeté, entraînant un échec global du projet. Dans ce cas, la responsabilité politique de Lecornu serait directement engagée. Interrogé sur cette éventualité, Darmanin a botté en touche, affirmant sa "confiance" dans la capacité du Premier ministre à trouver un accord.
Pourtant, les signes d'instabilité se multiplient. La chute du premier gouvernement Lecornu, suivie d'une hausse des taux d'intérêt et d'une désorientation des Français, rappelle les risques d'une crise politique prolongée. "Si nous n'avons pas de budget, nous n'aurons pas les 1 000 agents pénitentiaires supplémentaires prévus pour 2025", a averti Darmanin, soulignant l'enjeu concret de ces négociations.
La question de l'autorité du Premier ministre
La capacité de Lecornu à imposer son autorité est mise en doute, alors que son gouvernement repose sur une coalition fragile. "Ce n'est pas tout à fait anormal que des parlementaires fassent de la politique", a concédé Darmanin, tout en rappelant que "l'autorité du Premier ministre est naturelle".
La perspective d'une dissolution de l'Assemblée nationale plane, alimentant les calculs politiques. Darmanin a toutefois assuré que "il n'y aura pas de dissolution s'il y a une stabilité au gouvernement", appelant à privilégier l'intérêt général.
La justice en première ligne
Parallèlement aux tensions budgétaires, Darmanin a détaillé les mesures prises pour renforcer la sécurité dans les prisons françaises. 26 maisons d'arrêt ont déjà été fouillées, révélant des 400 téléphones, 600 objets interdits et plusieurs kilos de drogue.
"Les prisons, aujourd'hui, ce sont des passoires", a-t-il reconnu, promettant des réformes structurelles.
Le ministre a annoncé la construction de prisons de haute sécurité, où "il n'y a pas de téléphone, pas de clé USB", ainsi que le renforcement des effectifs pénitentiaires. Ces mesures s'inscrivent dans une logique de "sécurité et d'autorité", face à un système carcéral jugé obsolète.
Interrogé sur les sous-investissements passés dans la justice, Darmanin a reconnu une "part de responsabilité", tout en soulignant les efforts récents. "Nous avons quatre fois moins de magistrats qu'en Allemagne", a-t-il rappelé, appelant à une augmentation durable des budgets.