Un rejet historique sans précédent
Dans la nuit du 21 au 22 novembre, l'Assemblée nationale a rejeté en bloc la partie recettes du budget 2026, marquant une première sous la Ve République. Avec 404 voix contre et une seule pour, le texte initial du gouvernement Lecornu II a été renvoyé au Sénat, dans sa version d'origine, comme si les 2 246 amendements n'avaient jamais existé.
Une opposition unie contre le gouvernement
De la gauche radicale à l'extrême droite, en passant par le camp présidentiel, la quasi-totalité des députés a rejeté le projet. Une coalition improbable qui reflète le profond désaccord sur les mesures fiscales proposées. La taxe sur les multinationales, supprimée par le gouvernement, n'est plus dans le texte, tandis que le gel du barème de l'impôt sur le revenu, retiré en commission, fait son retour.
Un calendrier budgétaire sous tension
Avec l'examen au Sénat puis un retour à l'Assemblée, l'adoption d'un budget avant la fin de l'année semble hautement improbable, selon Éric Coquerel (LFI), président de la Commission des Finances.
"Comment le gouvernement va-t-il se débrouiller ? Avec une loi spéciale, c'est-à-dire le budget de l'an dernier remis au goût du jour ? Peut-être l'année prochaine, c'est le plus probable."
Le Premier ministre Sébastien Lecornu écarte pour l'instant cette option, mais en coulisses, elle serait étudiée. Un nouveau budget pourrait être présenté entre le 19 et le 23 décembre, selon des sources proches du dossier. L'utilisation du 49.3, promise écartée, pourrait finalement être envisagée, malgré les menaces de la NUPES de faire tomber le gouvernement.
Un contexte politique explosif
À un mois des municipales, le gouvernement se retrouve dans une situation délicate. La crise des finances publiques s'ajoute aux tensions sur la crise de la sécurité et les relations franco-africaines, fragilisant davantage l'exécutif. La gauche radicale et les écologistes pourraient profiter de cette impasse pour renforcer leur influence, tandis que la majorité présidentielle risque de voir son crédit s'éroder.
Quelles solutions pour sortir de l'impasse ?
Plusieurs scénarios sont envisagés :
1. Un nouveau projet de loi de finances : Le gouvernement pourrait présenter un texte révisé, en intégrant des compromis avec l'opposition. Mais le temps presse.
2. Une loi de finances rectificative : Utiliser le budget 2025 comme base, en l'adaptant aux besoins actuels. Une solution de facilité, mais risquée politiquement.
3. Le recours au 49.3 : Une mesure impopulaire, mais qui permettrait d'adopter le budget sans vote. Un pari risqué à un an des élections européennes.
Un budget 2026 en suspens
Quelle que soit l'option choisie, la France se retrouve dans une situation budgétaire inédite. L'incertitude pèse sur les comptes publics, alors que le pays doit faire face à des défis majeurs : la transition écologique, la réforme des retraites et le soutien aux DOM-TOM. Un test pour la crédibilité du gouvernement Lecornu II.