Un rejet en commission qui révèle les fractures politiques
Le projet de budget de la Sécurité sociale a été rejeté en nouvelle lecture par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, samedi 29 novembre au soir. Ce vote, bien que symbolique, illustre les profondes divisions qui minent le gouvernement Lecornu, confronté à une opposition farouche de la droite et de l'extrême droite.
Un gouvernement en quête désespérée de majorité
Le texte, qui sera débattu dans l'hémicycle mardi, repose désormais sur la version transmise par les sénateurs. Le vote final est prévu pour le 9 décembre, mais les négociations s'annoncent tendues. "On tire à blanc, mais ça donne un aperçu des difficultés à surmonter", a déclaré Frédéric Valletoux, président de la commission, soulignant l'impasse politique.
La gauche en première ligne pour sauver le budget
Les socialistes, bien que s'étant abstenus, ont rappelé leur rôle central dans la recherche d'un compromis. Boris Vallaud, président du groupe PS, a mis en garde :
"Nous ne pouvons pas être les seuls à rechercher un compromis. Le camp gouvernemental doit se ressaisir."Une critique voilée contre la majorité présidentielle, accusée de manquer de fermeté face aux franges les plus conservatrices.
Les mesures clés sous tension
La commission a rétabli la hausse de la CSG sur les revenus du capital, une mesure soutenue par Renaissance et le PS, mais combattue par la droite et l'extrême droite. Cette taxe, qui rapporterait 2,8 milliards d'euros en 2026, est cruciale pour atteindre l'objectif de déficit fixé à 20 milliards. "C'est absolument nécessaire pour équilibrer le budget", a insisté Jérôme Guedj (PS).
À l'inverse, la commission a supprimé le gel des prestations sociales et pensions de retraite, une mesure régressive soutenue par le Sénat mais rejetée par la gauche. "Il est inacceptable de pénaliser les retraités, surtout dans un contexte d'inflation", a souligné un député socialiste.
Un enjeu bien plus large que le budget de la Sécu
Ce budget est perçu comme un "jugé de paix" pour le gouvernement. Si le texte est adopté, il pourrait ouvrir la voie à une dynamique positive pour le budget de l'État. "Si nous réussissons ici, l'histoire sera différente", a confié une ministre sous couvert d'anonymat.
Mais les obstacles restent nombreux. Les sénateurs, quant à eux, ont déjà commencé à réécrire en profondeur le projet de loi de finances, supprimant notamment une surtaxe sur les bénéfices des entreprises. Une opposition frontale qui montre l'ampleur des clivages politiques actuels.
Une réunion cruciale à Matignon
Lundi, le Premier ministre Sébastien Lecornu rencontrera les socialistes pour tenter de trouver un terrain d'entente. "On va vraiment rentrer dans le dur", a prévenu Jérôme Guedj, anticipant des négociations serrées. Car après cette nouvelle lecture, le dernier mot reviendra à l'Assemblée, mais les marges de manœuvre seront étroites.
Dans ce contexte, le gouvernement doit composer avec une droite intransigeante et une extrême droite en embuscade, prêtes à exploiter toute faille pour affaiblir Emmanuel Macron. Un défi politique majeur à quelques mois des élections européennes.