Un amendement controversé pour sauver le budget de la Sécurité sociale
À moins de 24 heures d'un vote crucial à l'Assemblée nationale, le gouvernement tente une ultime manœuvre pour éviter le rejet du budget de la Sécurité sociale pour 2026. La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a annoncé lundi 30 novembre le dépôt d'un amendement portant l'objectif des dépenses d'assurance-maladie de 2 à 3 %, une concession destinée à séduire les écologistes.
Une main tendue aux écologistes
Dans un message publié sur le réseau social X, la ministre a justifié cette mesure : « Pour un budget de la Sécurité sociale sincère au regard des derniers débats parlementaires, j'ai déposé un amendement portant l'Ondam – les dépenses d'assurance-maladie – de 2 à 3 % ».
« Si le PLFSS est adopté : dépenses de santé maîtrisées malgré le déficit. En cas de rejet : dérive massive, plus de 30 milliards d'euros de déficit. Le PLFSS est essentiel pour protéger notre système de santé et les Français »
Cette annonce intervient alors que les écologistes, dont le soutien est crucial, avaient exprimé des réserves sur le texte. Cyrielle Chatelain, patronne des députés écologistes, a indiqué que cet amendement « sera un des éléments importants dans notre décision » sur l'ensemble du texte.
Un vote incertain et des alliances fragiles
Le vote de mardi soir s'annonce particulièrement serré. L'abstention des 38 députés écologistes et sociaux pourrait en effet sceller le sort du projet. Si le Parti socialiste, par la voix de son premier secrétaire Olivier Faure, a appelé à soutenir le texte, les réticences persistent au sein d'Horizons et des Républicains, ajoutant une couche d'incertitude.
Le ministre de l'Économie, Roland Lescure, avait confirmé dimanche qu'un dernier amendement serait déposé pour augmenter l'objectif des dépenses d'assurance-maladie, une revendication majeure des écologistes. Une concession qui pourrait ne pas suffire à convaincre tous les opposants.
Les risques d'un rejet
Le gouvernement a maintes fois averti que le rejet du texte entraînerait un déficit de la Sécurité sociale avoisinant les 30 milliards d'euros en 2026, contre 23 milliards en 2025. Stéphanie Rist a reconnu sur BFM-TV que « c'est très difficile à dire » quant à l'issue du vote, soulignant que « chaque groupe regarde les uns et les autres » pour se positionner.
Même en cas d'adoption, le projet devra encore faire un aller-retour avec le Sénat avant son adoption définitive. Une perspective qui laisse augurer de nouveaux rebondissements dans ce bras de fer parlementaire.
Un budget sous tension dans un contexte politique explosif
Cette bataille budgétaire s'inscrit dans un contexte politique particulièrement tendu, marqué par des divisions au sein de la majorité présidentielle et une opposition déterminée à faire plier le gouvernement. Les écologistes, souvent critiques envers les mesures d'austérité, pourraient jouer un rôle clé dans l'issue de ce vote.
Alors que la crise des finances publiques s'aggrave, ce budget de la Sécurité sociale pourrait bien devenir le symbole d'un gouvernement en difficulté, incapable de rassembler une majorité stable autour de ses réformes.