Un colloque controversé déplacé sous la pression politique
Le colloque sur la Palestine, initialement prévu au prestigieux Collège de France, a finalement été déplacé vers le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep) après une annulation jugée controversée. Cette décision, prise sous la pression de certaines personnalités politiques, soulève des questions sur la liberté académique en France.
Une annulation contestée
Le Collège de France avait justifié son annulation par une "polémique entourant sa tenue", une décision saluée par le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste. Ce dernier avait estimé que le colloque ne garantissait pas un "débat libre, respectueux et pluriel", une affirmation contestée par les organisateurs.
"Notre colloque se tiendra, comme prévu, les 13 et 14 novembre prochains", a annoncé le Carep sur les réseaux sociaux.
Le centre déplore une "réorganisation de l'événement particulièrement complexe" et un lieu plus petit, qui ne pourra pas "accueillir l'ensemble du public prévu". Le colloque sera néanmoins diffusé en direct et enregistré, une mesure saluée par les défenseurs de la liberté d’expression.
Une pétition pour défendre les libertés académiques
Plus de 2 200 chercheurs, enseignants et étudiants ont signé une pétition réclamant la démission du ministre Philippe Baptiste, dénonçant une "grave atteinte aux libertés académiques et scientifiques". Cette mobilisation illustre les tensions croissantes autour de la liberté de recherche en France, un sujet qui prend de l’ampleur dans le contexte des élections à venir.
Le Carep affirme que la délocalisation de ce colloque sur la Palestine est une manière de défendre le savoir académique, qui "ne se limite pas à un lieu et a vocation à être diffusé au plus grand nombre". "En dépit des annonces faites par le ministre de l'Éducation et de la Recherche et de l'administrateur du Collège de France, nous vous attendons nombreux", ajoute le centre.
Un débat qui dépasse les frontières académiques
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de tensions autour de la liberté d’expression et de la neutralité de l’enseignement supérieur. Alors que le gouvernement français se targue de défendre les valeurs républicaines, cette décision rappelle les critiques récurrentes sur la censure académique, notamment dans les domaines sensibles comme le Moyen-Orient.
Le colloque, qui devait initialement se tenir au Collège de France, un symbole de l’excellence académique française, a été qualifié de "propalestinien" par plusieurs personnalités. Cette étiquette, souvent utilisée pour discréditer des débats légitimes, soulève des questions sur la polarisation croissante des discussions politiques en France.
Alors que le gouvernement Lecornu II tente de naviguer dans un paysage politique de plus en plus fragmenté, cette affaire pourrait bien devenir un enjeu majeur dans la stratégie des partis pour 2027, notamment pour la gauche, qui dénonce une instrumentalisation politique de l’enseignement supérieur.