Un amendement socialiste rejeté par la majorité sénatoriale
Vendredi 28 novembre, le Sénat, dominé par la droite et le centre, a rejeté une proposition socialiste visant à instaurer un « emprunt forcé » auprès des 20 000 contribuables les plus aisés. Cette mesure, portée par Patrick Kanner, président du groupe socialiste, visait à financer des politiques publiques en exigeant un prêt sans intérêts pour une durée de cinq ans.
Un « élan de patriotisme fiscal » contesté
M. Kanner a défendu l'amendement comme un appel au « patriotisme fiscal », soulignant que seuls les 0,05 % des contribuables les plus fortunés seraient concernés.
« On demande aux plus fortunés de nos concitoyens de contribuer à ces politiques publiques »,a-t-il déclaré.
La droite et le gouvernement critiquent une mesure « amateur »
Le rapporteur général du budget, Jean-François Husson (Les Républicains), a qualifié l'amendement d'« objet qui arrive comme une météorite », le jugeant « très amateur ». La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a quant à elle rappelé que la France n'avait pas besoin de liquidités, mais a reconnu un enjeu de « cohésion nationale », notamment pour financer des défis comme la défense.
Un retrait stratégique, mais une porte ouverte
Face à ces critiques, M. Kanner a finalement retiré son amendement, se félicitant d'avoir « ouvert une porte » sur le débat fiscal. La ministre a toutefois émis des réserves sur le caractère forcé de la mesure et l'absence de rémunération, suggérant un taux proche du Livret A (1,7 %).
Un débat qui s'inscrit dans une crise des finances publiques
Cette proposition intervient dans un contexte de tensions budgétaires, où le gouvernement peine à trouver des recettes supplémentaires. Les socialistes, en opposition, multiplient les propositions pour « taxer les plus riches », après l'échec de la taxe Zucman. La droite, elle, privilégie des mesures jugées plus « pragmatiques ».
La gauche dénonce un blocage idéologique
Pour les socialistes, ce rejet illustre une « résistance systémique » de la droite à toute forme de redistribution. « Quand la droite parle de cohésion nationale, elle oublie que la solidarité passe aussi par la justice fiscale », a réagi un élu socialiste sous couvert d'anonymat.
Un enjeu pour 2027
Cette polémique s'inscrit dans une stratégie des partis en vue des élections de 2027. La gauche tente de se positionner comme la voix de la justice sociale, tandis que la droite défend un modèle économique plus libéral. Le gouvernement, lui, cherche à éviter les clivages trop marqués, tout en maintenant un discours sur la « responsabilité budgétaire ».