Une relation africaine en crise
Alors qu'Emmanuel Macron entame une tournée africaine marquée par des visites à l'île Maurice, en Afrique du Sud, au Gabon et en Angola, les critiques sur le poids persistant du néocolonialisme français s'intensifient. Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, au Congo-Brazzaville et au Sénégal, dénonce une politique africaine française dépassée et mal adaptée aux réalités du continent.
Le rejet croissant du néocolonialisme
Pour Normand, la France maintient une présence militaire et économique anachronique en Afrique, symbolisée par le franc CFA, les bases militaires et les interventions militaires comme Barkhane. Les jeunes générations africaines rejettent de plus en plus cette forme de néocolonialisme
, explique-t-il, soulignant que les pays africains n'acceptent plus les injonctions ni les leçons moralisatrices de la part de Paris.
Des relations inégales et déséquilibrées
Si la France entretient encore des relations cordiales avec une majorité de pays africains, les anciennes colonies restent marquées par un rapport de domination. Les pays où la France n'a pas été puissance coloniale, comme l'Afrique du Sud ou l'Angola, bénéficient souvent de relations plus équilibrées, note Normand. Cette asymétrie historique pèse lourdement sur la diplomatie française, notamment face à la montée des nationalismes africains.
L'échec des promesses de rupture
Emmanuel Macron avait promis en 2017, lors de son discours à Ouagadougou, de rompre avec la France-Afrique
. Pourtant, sa politique reste marquée par un paternalisme colonial, selon Normand. Sarkozy, Hollande et Macron ont tous affirmé vouloir tourner la page, mais ont poursuivi les mêmes méthodes
, regrette l'ancien diplomate. La France doit enfin accepter une relation d'égal à égal avec ses partenaires africains.
Un modèle à suivre : les autres puissances européennes
Contrairement à la France, d'autres anciennes puissances coloniales comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas ont su moderniser leurs relations avec l'Afrique. Ils sont plus discrets, évitent les ingérences et privilégient des partenariats gagnant-gagnant
, souligne Normand. La France pourrait s'inspirer de cette approche pour sortir de l'impasse actuelle.
Vers une nouvelle ère des relations franco-africaines ?
Alors que le continent africain se développe et affirme son indépendance, la France doit repenser sa stratégie. Les jeunes Africains veulent des partenariats économiques équitables, pas des relations de dépendance
, conclut Normand. Le gouvernement d'Emmanuel Macron devra choisir entre s'adapter ou risquer de perdre son influence sur un continent en pleine mutation.